Retraites: près de 6 Français sur 10 favorables à une "France à l'arrêt" le 7 mars
Les semaines défilent comme les cortèges et le constat demeure, sans cesse renouvelé: une large majorité des Français s'opposent au projet de réforme des retraites porté par le gouvernement. Le nouveau sondage Elabe "L'Opinion en direct" pour BFMTV, et publié ce mercredi après-midi, le confirme, avec un nouvel élément à l'appui.
D'après le sondeur, 58% des Français soutiennent ainsi la volonté affichée par l'intersyndicale de "mettre la France à l'arrêt" pour protester contre le maintien de ses plans par le gouvernement.
Les actifs, les ouvriers, les jeunes très remontés pour le 7 mars
Ces 58% se nourrissent d'abord de 65% des actifs, un taux atteignant même 72% chez les ouvriers et les employés. Le pourcentage de partisans d'une "journée morte" est le même chez les 25-34 ans. Politiquement, l'idée syndicale est populaire parmi la plupart des électorats, à commencer par ceux de Jean-Luc Mélenchon (80%) et Marine Le Pen (74%).
Les 41% de personnes opposées à ce coup d'arrêt hexagonal doivent beaucoup aux retraités - ces derniers étant 60% à ne pas désirer un blocage le 7 mars - et aux partisans d'Emmanuel Macron. Ceux-ci sont 80% à rejeter cette option.

Une mobilisation toujours aussi populaire
Malgré un glissement minime d'un point en une semaine, le soutien à la mobilisation - en ses diverses formes - contre la réforme des retraites perdure lui aussi. Ainsi 67% des Français approuvent le mouvement. Plus exactement, 45% d'entre eux déclarent nettement le "soutenir" et 22% lui porter de la "sympathie".
Si le fait que l'essentiel des actifs (72%) et des ouvriers et employés (76%) sont les plus fervents autour des manifestations et rassemblements n'a rien pour surprendre, on note une percée inédite de ce sentiment à l'égard du mouvement parmi les sympathisants d'Emmanuel Macron. Ils sont 44% à lui accorder leur satisfecit - en même nombre désormais que les détracteurs de la mobilisation en leur sein - , une tendance en hausse de sept points en autant de jours. 60% des retraités adoptent également cette ligne.
19% des Français désapprouvent la mobilisation, en revanche, tandis que 14% de nos compatriotes se disent "indifférents".

Le mécontement face au texte à nouveau en hausse
Dans ce contexte, on ne s'étonnera pas de l'impopularité du projet de réforme en soi. 67% des Français le repoussent, tandis que 32% se disent favorables à la vision de l'exécutif.
Les plus véhéments critiques du texte émargent au sein des 18-24 ans - avec un taux de 77% d'opposition au projet, après un bond de 14 points en une semaine -, et des ouvriers (80%, en progression de sept points). 7 actifs sur dix, plus globalement, ont la même position, comme 53% des retraités.
Il faut dire que 72% des Français trouvent la feuille de route qui leur est présentée "injuste", 63% - en hausse de cinq points - condamnent même son "inefficacité", tandis que 55% d'entre eux estiment même qu'elle n'est "pas nécessaire".

"Ni clair, ni transparent": le discours du gouvernement rejeté
On note donc qu'après un ressac la semaine dernière, l'opposition à la réforme se renforce et repart de l'avant. Ce retour de flamme s'explique peut-être par un dernier trait souligné par les sondeurs de l'institut Elabe. Celui-ci a en effet jaugé la perception qu'ont les Français de l'attitude et des discours tenus par le gouvernement au cours des dernières semaines.
Or l'opinion est rude quant à la sincérité attribuée à l'exécutif. 73% des Français jugent que "depuis le début du débat sur la réforme des retraites, le gouvernement n’a pas été clair et transparent sur le contenu de la réforme". La base de la majorité elle-même semble prise d'un doute: 46% des électeurs d'Emmanuel Macron tancent en effet ce manque supposé de clarté et de transparence du gouvernement.
Une controverse a particulièrement cristallisé cette thématique ces derniers jours, depuis que l'économiste Michaël Zemmour a montré qu'il était faux d'affirmer qu'aucune petite pension ne tomberait sous les 1200 euros mensuels. Sur ce point, 65% des Français pensent que le gouvernement "a volontairement fait croire que l'ensemble des petites retraites serait revalorisé à 1200 €, pour que la réforme soit mieux acceptée".
Plus d'un mois après la présentation du projet de réforme par Elisabeth Borne, son gouvernement n'en finit plus de buter contre un mur de défiance.
Enquêté réalisée par internet du 14 au 15 février 2023, auprès d'un échantillon de 1000 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.
