"Muscler notre industrie de défense", une des clés de la souveraineté européenne pour Macron

Emmanuel Macron se fait le chantre de l'autonomie stratégique européenne dans une interview accordée au journal Les Echos, publiée ce dimanche. Une souveraineté dont "les jalons sont posés" qui passe par une stratégie industrielle ambitieuse, entre autre dans la défense, qui mènera ultimement à une moindre dépendance à des puissances tiers.
L'enjeu de la souveraineté européenne
Pour le président, l'Europe doit se battre pour son autonomie stratégique. "Aujourd'hui, la bataille idéologique est gagnée" et les premiers résultats commencent à se voir mais il faut tenir la barre car c'est un combat de longue haleine.
"L'autonomie stratégique doit être le combat de l'Europe. Nous ne voulons pas dépendre des autres sur les sujets critiques. Le jour où vous n'avez plus le choix sur l'énergie, sur la manière de se défendre, sur les réseaux sociaux, sur l'intelligence artificielle parce qu'on n'a plus l'infrastructure sur ces sujets, vous sortez de l'histoire pour un moment," a t-il dit aux Echos.
Une autonomie qui passe par une politique industrielle commune renforcée dont les textes du Chips Act (sur les semi-conducteurs), du Net Zero Industry Act (plan pour accélérer la transition énergétique au sein du bloc) et du Critical Raw Material Act (pour la sécurisation des matières premières) sont des pierres à l'édifice, selon le président.
"Nous avons commencé à implanter des usines de batteries, de composants hydrogène ou d'électronique," dit-il en exemple.
L'industrie de défense européenne est également un élément clé de l'indépendance de l'Europe. Il note d'ailleurs que celle-ci doit produire plus vite dans un contexte de guerre en Ukraine qui dure depuis plus d'un an et dont la fin ne semble pas s'approcher.
"L'industrie de défense européenne ne répond pas à tous les besoins et reste très éclatée, ce qui conduit certains pays à se tourner vers des fournisseurs américains voire asiatiques de manière provisoire," a dit Emmauel Macron dans Les Echos.
Être moins dépendant des États-Unis
Interrogé sur la politique industrielle volontariste des États-Unis notamment via leur Inflation Reduction Act (IRA), le chef de l'État affirme que "nous aurons notre IRA européen." Pour riposte, il cite les trois textes indutriels qu'il a nommé précédemment. Selon lui, il y a d'autres écueils et quelques batailles importantes à mener pour se détacher de la première puissance mondiale comme des autres, notamment côté défense.
"La clé pour moins dépendre des Américains consiste d'abord à muscler notre industrie de défense, à s'accorder sur des standards communs. Nous mettons tous beaucoup d'argent mais on ne peut pas avoir dix fois plus de standards que les Américains !" a-t-il dit.
L'autonomie de l'Europe passera aussi, et nécessairement, par le nucléaire et le renouvelable tandis qu'il insiste sur le fait que l'Europe ne doit pas dépendre de "l'extraterritorialité du dollar." "Le paradoxe serait qu'au moment où nous mettons en place les éléments d'une véritable autonomie stratégique européenne, nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique," conclut encore le chef de l'Etat.