"Net-Zero Industry Act": le plan de l'UE pour accélérer la transition verte et riposter à l'IRA américain

"Net-Zero Industry Act". C'est le nom du nouveau plan dévoilé jeudi par la Commission européenne pour répondre aux milliards de dollars de subventions accordées par le gouvernement américain aux entreprises industrielles dans le cadre de l'Inflation Reduction Act (IRA).
A travers ce texte visant à accélérer la transition verte sur le sol européen, Bruxelles veut aussi doper la compétitivité de son industrie face à la Chine et réduire sa dépendance aux pays asiatiques. "Fini la naïveté, maintenant, c'est l'action", a résumé le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton.
Le Net-Zero Industry Act fixe l'objectif de faire fabriquer en Europe davantage de technologies propres comme des panneaux solaires, des électrolyseurs ou des de turbines pour les éoliennes afin de couvrir 40% de nos besoins d'ici à 2030. "Nous continuerons à commercer avec nos partenaires, tout ne sera pas fabriqué en Europe, mais davantage devrait l'être", a expliqué le vice-président de la Commission Frans Timmermans.
Choc de simplification, formation...
Pour y parvenir, la Commission européenne propose quelques pistes. Le plan prévoit notamment une simplification et une accélération des procédures et des octrois de permis pour les implantations industrielles, ainsi que des facilités de financement. Il innove en ajoutant des critères environnementaux aux appels d'offres publics, disposition qui pourrait dans certains cas avantager des fournisseurs européens, aux tarifs plus élevés, mais prenant mieux en compte leur impact écologique.
Le texte prévoit également de renforcer la formation dans les huit domaines ciblés par Bruxelles (solaire, éolien, stockage, géothermique, électrolyseurs, biogaz, capture et stockage (CCS) et réseaux) et d'accélérer sur le stockage du CO2 (50 millions de tonnes de capacité d'injection annuelle en 2030.
En outre, une banque de l'hydrogène devrait voir le jour pour mettre en relation les producteurs d'hydrogène et les clients. Le nucléaire fait aussi partie des solutions évoquées puisque l'atome fait partie des voies mentionnées par le texte pour contribuer à la décarbonation, en particulier pour produire de l'hydrogène.
Mais, en pratique, ne sont concernés que les réacteurs de 4e génération qui n'existent pas encore et doivent permettre de réduire les déchets quasiment à zéro, les petits réacteurs modulaires également en cours de développement et de futurs combustibles. Un périmètre restreint susceptible de satisfaire le camp des anti-nucléaires emmené par l'Allemagne.
Extraire les métaux rares
Un deuxième projet de règlement, également dévoilé jeudi, vise à sécuriser les approvisionnements en matières premières critiques indispensables à l'industrie européenne, du lithium au cobalt en passant par le nickel des batteries automobiles. Les deux textes pourront encore être profondément remaniés ces prochains mois par les États membres et les eurodéputés, avant leur finalisation.
"Pas de batteries sans lithium, pas d'éoliennes sans terres rares, pas de munitions sans tungstène...", a énuméré Thierry Breton. "Nous avons des ressources en Europe. Il faut se donner les moyens de les extraire", a-t-il dit. Or l'UE dépend par exemple de la Chine pour 97% de ses besoins en magnésium. Ce pays dispose d'un "outil géopolitique", avec "son quasi-monopole sur les terres rares", a rappelé Thierry Breton.
Il propose des objectifs chiffrés: que l'UE puisse d'ici à 2030 extraire sur son territoire 10% de sa consommation de matières premières stratégiques, et qu'elle ne dépende pas d'un pays tiers unique pour plus de 65% de ses importations pour chacune des dix-huit matières premières définies comme stratégiques (y compris cobalt et nickel).
Pour y parvenir, Bruxelles propose de simplifier et d'accélérer les procédures pour les projets d'extraction en Europe. Elle entend également mettre en place des coopérations avec des pays partenaires, notamment en Afrique, Amérique latine ou Amérique du Nord, et concurrencer la Chine en proposant un meilleur partage de la valeur et un mieux-disant environnemental.