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Au premier tour, Emmanuel Macron a été le candidat des communes les plus riches

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Le président sortant a capté le vote des villes les plus aisées. Marine Le Pen devra compter sur l'électorat d'Eric Zemmour au second tour.

L'étiquette lui colle à la peau, et devrait rester encore un moment dans les mots de ses adversaires. Emmanuel Macron a été soutenu au premier tour de la présidentielle par un électorat relativement aisé, en réalisant de meilleures performances dans les villes les plus riches que dans celles au revenu médian le plus bas, selon les calculs de nos confrères du Parisien.

Le découpage géographique fait ainsi ressortir la prévalence du vote Macron dans le dernier centile, c'est-à-dire dans les villes dont le revenu médian dépasse celui de 99% des autres communes : le président sortant obtient 42,1% des suffrages exprimés. De façon plus globale, son score est plus faible dans les premiers centiles (17,5% chez les 1% les plus pauvres) et augmente tendanciellement passée le sixième décile.

Des chiffres qui recoupent, sans surprise, ceux annoncés dans le sondage Elabe "Jour de vote" pour BFMTV, RMC, L'Express et SFR : Emmanuel Macron réalisait ses meilleures performances chez les cadres (32%) loin devant les classes populaires et moyennes (18% chez les employés, 16% chez les ouvriers).

Les communes les plus riches très opposées à Marine Le Pen

Autre enseignement majeur de ce découpage géographique, la stabilité du vote Le Pen dans la majorité des communes, à l'exception des poches de richesse les plus importantes : alors que la candidate du RN obtient des scores relativement stables dans 85% des communes (23% dans le premier centile, entre 20 et 30% ensuite), elle chute lourdement dans les 15% de villes les plus aisées (9,4% sur le top 1%).

Cela module en partie le vote estimé par classe sociale: selon le sondage Elabe, elle obtenait de très forts scores chez les ouvriers (42%) et employés (33%), mais également des soutiens significatifs chez les professions intermédiaires (21%), talonnant Macron et Mélenchon, crédité de 24 et 23%. Au sein des cadres, elle réalisait encore 18%. La différence s'explique donc par la composition des villes et par des disparités internes chez les cadres.

Zemmour apprécié des très riches, Mélenchon rate l'opportunité Jadot

La candidate d'extrême-droite pourrait en revanche trouver au second tour de quoi - en partie - compenser son déficit de soutiens chez les plus riches. Eric Zemmour, qui a appelé sans ambages à soutenir Marine Le Pen, a attiré un électorat inverse au sien : il réalise sa meilleure performance, et de loin, sur le dernier centile (11,1%), et obtient une meilleur base électorale dans le dernier quart. A l'inverse, il reste faible chez les plus en difficultés (4,6%). Selon une estimation Ipsos après le premier tour, 85% des électeurs d'Eric Zemmour envisage un report de voix vers Marine Le Pen au second tour.

Cette complémentarité souligne par contraste l'opportunité manquée par la gauche. Comme l'avait souligné le sondage Elabe, Jean-Luc Mélenchon a obtenu des scores stables chez les ouvriers, employés, professions intermédiaires et cadres (20, 27, 23 et 22%). Il jouit aussi d'une pointe significative dans le premier décile, sur le plan géographique - 42,5 sur le 1% des communes les plus pauvres.

Yannick Jadot, à l'inverse, a vu l'écologie réléguer aux classes dominantes: le candidat EELV ne fait que 2% sur ce premier centile, contre 6,3% sur le dernier, là où son concurrent à gauche est le moins fort. Il est en outre celui dont le niveau de soutien semble le plus fortement corrélé au niveau de revenu médian de la commune. De quoi tirer des enseignements, à deux mois, déjà, des législatives.

Valentin Grille