Agriculture, travail, finance… Ce que l'on sait de la vision de l'économie de Michel Barnier

Après 51 jours sans gouvernement, Emmanuel Macron a finalement choisi Michel Barnier, ancien négociateur du Brexit, pour occuper le poste de Premier ministre. Connu pour ses positions fermement pro-européennes, Michel Barnier devra désormais s’attaquer à des enjeux nationaux pressants.
Sa vision du travail, de la finance et de l’agriculture sera cruciale alors que la France traverse une crise politique qui l'immobilise depuis plusieurs mois. Face à des déficits préoccupants et à une dette croissante, la tâche s'annonce ardue.
Les Français appelés à réhabiliter la valeur du travail
Sur son site personnel, qui a été mis hors ligne peu de temps après sa nomination, l'homme politique qui n'était pas encore Premier ministre soulignait l'urgence pour la France de renouer avec le sens et l'honneur du travail. Parmi les mesures qu’il envisageait, une augmentation des heures travaillées, une diminution plus marquée des cotisations sociales et la réduction de l'écart entre le salaire brut et net.
Il a également exprimé des critiques à l'égard du RSA et des aides sociales, les accusant de maintenir certaines personnes en marge de la société. En matière de handicap et de maladie, il proposait une allocation unique, toujours inférieure à un salaire, pour inciter au retour à l’activité.
Concernant le chômage, il prônait une approche plus stricte: les bénéficiaires devraient désormais participer à des activités d'utilité publique ou d’entreprise à temps plein, et accepter un emploi en cas de disponibilité. En cas de deux refus d'offres d'emploi dites "raisonnables", les allocations seraient systématiquement supprimées.
"Je ne veux plus de passagers clandestins dans notre système social", affirmait-il sur son site officiel.
Il a également soutenu, notamment lors des primaires LR de 2021, le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans.
L'agriculture et la pêche au cœur des réformes
Surnommé le "montagnard", Michel Barnier, auteur de Le défi écologique: chacun pour tous" (1994), a été nommé ministre de l'Agriculture et de la Pêche en 2007 par Nicolas Sarkozy. Sous sa tutelle, plusieurs initiatives marquantes voient le jour, notamment dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, avec des plans de réduction des pesticides, de promotion de l'agriculture biologique et d'amélioration de l'autonomie énergétique des exploitations agricoles.
Ces réformes ont jeté les bases du plan "Terre 2020". En matière de pêche, son action a été saluée pour avoir modernisé la flotte tout en veillant à la préservation des ressources.
Si Michel Barnier ne s’est pas opposé à l’interdiction du maïs OGM Mon 810, ses détracteurs, notamment à la FNSEA, lui reprochent une défense jugée trop timide des quotas laitiers. Dans un texte récent, "Agriculture, l’urgence d’un renouveau", il plaide pour une taxe carbone aux frontières et dénonce une "surenchère réglementaire" qui, selon lui, pèse lourdement sur les exploitations.
Diminution des impôts et taxes
Candidat à l’investiture des Républicains pour la présidentielle en 2021, lors du débat qui l’oppose à Éric Ciotti, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Philippe Juvin, Michel Barnier se distingue en proposant de baisser les taxes et les impôts, en particulier les impôts de production (de 10 milliards supplémentaires), de réduire les charges sociales sur les "salaires intermédiaires" (de 1,6 à 2,5 Smic), d'aligner le traitement des enseignants sur "celui des autres grands pays", d'augmenter le nombre d'heures travaillées dans le privé comme dans le public.
La finance régulée
En 2009, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy, Michel Barnier se lance dans la campagne européenne avec la conviction que la crise financière, économique et sociale nécessite une réponse plus ambitieuse de la part de l’Europe. Une fois élu, il participe à l’adoption de 41 textes de loi visant à réguler les marchés financiers.
Parmi ses projets, l'instauration d'une carte bancaire européenne, le brevet européen et un encadrement accru du commerce électronique. Michel Barnier insiste également sur la nécessité de progresser dans la protection de la propriété intellectuelle et des droits d'auteur.
Après la formation de son gouvernement, la première mission du nouveau Premier ministre sera de déposer, le mardi 1er octobre, le projet de loi de finances pour l'année à venir. Le calendrier est strict: le Parlement devra approuver ce texte avant la mi-décembre, afin de permettre sa promulgation au Journal officiel d’ici au 31 décembre. Un véritable test pour un gouvernement fraîchement formé, confronté à l’urgence de rétablir les comptes publics tout en redonnant confiance aux Français.