Jours fériés, abattement pour les retraités... Si Bayrou revenait sur certaines mesures de son budget, à combien de milliards d'euros d'économies devrait-il renoncer?

Les lignes sont amenées à bouger. Le Premier ministre François Bayrou a présenté au début de l'été son projet de budget pour 2026, qui prévoit près de 44 milliards d'euros d'économies. Mais ce premier jet devrait évoluer, car le gouvernement ne dispose pas d'une majorité à l'Assemblée nationale lui permettant de faire adopter son budget tel quel. Alors que le Premier ministre doit s'exprimer ce lundi 25 août après-midi, le rapport de force et les négociations sont déjà entamés.
Dans ce contexte, différents scénarios se profilent. Si les députés du Rassemblement National décidaient de ne pas censurer le gouvernement, un projet de loi de finances pour 2026 pourrait être adopté. Mais les négociations pour le budget 2025 ont laissé des traces et François Bayrou sait que négocier avec le RN n'est pas chose aisée.
Des concessions au Parti socialiste?
Pour le gouvernement, une autre option est envisageable : il espère pouvoir convaincre le Parti socialiste de ne pas voter la censure. Mais rien ne dit que le parti d'Olivier Faure sera près à se relancer dans des négociations sans fin, comme pour le précédant projet de loi de finances.
Les socialistes ont présenté leur contre-budget ce lundi et souhaitent réduire les économies proposées par le gouvernement de moitié. Le curseur n'est pas encore définitivement arrêté, mais ils proposeront de faire entre 20 et 30 milliards d'euros d'économies, au lieu des plus de 43 milliards envisagés. Hors de question notamment pour eux de supprimer deux jours fériés. Pas question non plus d'instaurer une année blanche. Si le gouvernement lâchait du lest, à combien d'économies devrait-il renoncer?
Jours fériés
Pour l'instant, les négociations n'en sont pas là mais la mesure qui irrite le plus les oppositions (et les Français) est la suppression de deux jours fériés. Pour les socialistes, hors de question de priver les Français du lundi de Pâques et du 8-Mai. Et la position est sensiblement la même au RN. Ainsi François Bayrou pourrait calmer les esprits s'il décidait de revenir sur cette proposition.
Selon le chiffrage du gouvernement, la suppression du lundi de Pâques et du 8-Mai pourrait rapporter 4,2 milliards d'euros, soit à peu près 10% des près de 44 milliards espérés par le gouvernement. Autant d'économies auxquelles il faudrait renoncer si la mesure était abandonnée. Si François Bayrou décide de couper la poire en deux et de ne supprimer qu'un seul des deux jours fériés, on peut penser que le chiffrage serait de 2,1 milliards d'euros.
Année blanche
Les socialistes s'opposent également à la proposition d'"année blanche". Cette mesure prévoit le gel des dépenses publiques sur une année. Ce qui veut dire que les dépenses de l'État n'augmenteront pas par rapport à l'an dernier. De même, le niveau des prestations sociales (RSA, retraites, APL...) ne sera pas réhaussé en fonction de l'inflation. Si le gouvernement Bayrou y renonçait, il renoncerait aussi à 7,1 milliards d'économies.
Il faut noter qu'en contrepartie de ces économies en moins, les socialistes veulent mettre les plus aisés à contribution avec une mesure de type taxe Zucman, censée rapporter 15 milliards d'euros.
Abattement des retraités
Si le gouvernement compte sur la non-censure du RN, il faudra qu'il se plie à certaines de leurs exigences. Le député RN Julien Odoul a par exemple appelé ce lundi matin sur franceinfo à "ne pas taper sur les retraités".
Le projet de budget de François Bayrou comprend notamment la suppression de l'abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités (remplacé par un abattement de 2.000 euros). La réforme de cet avantage fiscal pour "frais professionnels" permettrait d'économiser "à peu près 1 milliard d'euros" selon la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.