INFOGRAPHIE. Jours fériés supprimés, année blanche, fraudes fiscale et sociale... Comment Bayrou arrive à ses 43,8 milliards d'euros d'économies

Le Premier ministre François Bayrou lors de la présentation des orientations budgétaires du gouvernement le 15 juillet 2025 - Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Qui sera le plus mis à contribition en 2026? Si le plan de redressement des finances publiques présenté par le Premier ministre François Bayrou prévoit 43,8 milliards d'euros d'économies à générer dès l'année prochaine, certains postes seront plus contraints que d'autres.
Signe qu'il va falloir serrer la ceinture, près de la moitié de l'effort budgétaire total, précisément 20,8 milliards d'euros, est d'abord permis par la maîtrise "durable" de la "dépense publique", selon le plan communiqué par le gouvernement.
10 milliards pour l'Etat et ses opérateurs
D'abord, l'État et ses opérateurs "se montreront exemplaires en stabilisant au global leurs dépenses", avec pour objectif de "ne pas dépenser 1 euro de plus en 2026 qu'en 2025". Cette règle vaut pour le budget général à l'exception de celui du ministère des Armées - le président de la République Emmanuel Macron ayant promis 6,5 milliards d'euros supplémentaires en deux ans dans la défense.
Cette diète consiste alors à diminuer de 3.000 le nombre d'emplois publics dès 2026 (hors postes d'élèves-professeurs liés à la réforme de la formation des enseignants), et à ne pas remplacer un fonctionnaire sur trois partant à la retraite à compter de 2027. Le chef du gouvernement s'est aussi engagé à la "réduction du train de vie de l'État et une meilleure maîtrise du patrimoine de l'État".
Dans l'esprit de loi de la simplifiation pour la vie économique, adoptée le 17 juin dernier à l'Assemblée nationale et renvoyée en commission mixte paritaire pour la rentrée de septembre, le plan Bayrou comprend aussi la "réorganisation des opérateurs de l'État via des réinternalisations ou des fusions". Les dépenses seront ainsi "recentrées", et 1.000 à 1.500 emplois seront supprimés dès l'année prochaine. Certaines agences seront aussi supprimées.
Au total, les économies devraient atteindre 4,8 milliards d'euros pour l'Etat et 5,2 milliards pour les opérateurs.
5,3 milliards pour les collectivités territoriales
Pourtant fragilisées, les collectivités territoriales "prendront aussi leur part" en réalisant 5,3 milliards d'euros d'économies. "Pour les années à venir, leurs dépenses ne doivent pas progresser plus vite que les ressources de la Nation", insiste le gouvernement.
Néanmoins, "une attention particulière sera portée aux collectivités les plus en difficulté avec un soutien exceptionnel de 300 millions d’euros apporté aux départements les plus en difficulté".
5,5 milliards dans le social et la santé
Le gouvernement choisit également de tailler dans la santé pour résorber le trou de la Sécurité sociale. 5,5 milliards doivent en effet être économisés en maîtrisant les dépenses sociales.
Pour y parvenir, François Bayrou a annoncé le doublement des plafonds des franchises médicales et participations forfaitaires pour responsabiliser les patients quant au coût de la santé. Il s'agit des sommes discrètement déduites par l'Assurance maladie des remboursements de médicaments, consultations médicales, paramédicales, analyses de biologie médicales, examens de radiologie et trajets en transports sanitaires. Une réforme du statut des affections longue durée (ALD) est également envisagée dès 2026.
4,2 milliards en supprimant deux jours fériés
Pour redresser les finances publiques de l'État, les Français sont également appelés à travailler plus. Dans cette perspective, le Premier ministre François Bayrou propose de supprimer deux jours fériés: le lundi de Pâques et le 8 mai. Une mesure qui devrait rapporter pas moins de 4,2 milliards d'euros à l'État.
Cette suppression de deux jours fériés sera assortie d'une "contribution" versée par les entreprises, a indiqué mercredi la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet. "Ce qu'on va demander aux Français, c'est pour deux jours fériés, d'aller travailler", sans être payés "parce qu'ils le sont déjà" et en contrepartie "de la richesse créée, de la production créée par cette journée de travail, les entreprises devront s'acquitter d'une contribution", a déclaré la ministre, sans en préciser le montant.
Ces deux journées s'ajouteraient à la conversion depuis 2004 du lundi de Pentecôte en "journée de solidarité", travaillée mais pas payée, assortie d'un prélèvement correspondant à 0,3% de la masse salariale annuelle pour financer une meilleure prise en charge des personnes âgées ou handicapées.
7,1 milliards d'euros au titre d'une année blanche
Et ce n'est pas tout. François Bayrou a parallèlement annoncé une "année blanche", pour économiser 7,1 milliards, un "geste massif, temporaire, demandé à tous" consistant à geler à leur niveau de 2025 les dépenses publiques pour les reconduire à l'identique à 2026.
Dit autrement, les allocations logements, familiales, pensions de retraite et même le barème d'imposition sur le revenu ne devraient pas être indexés sur l'inflation en 2026.
9,9 milliards pour lutter contre la fraude fiscale, chasse aux niches fiscales
Pour économiser 9,9 milliards d'euros supplémentaires, le gouvernement veut également lutter contre la fraude fiscale, aux aides publiques ou à la dépense de santé (2,3 milliards) et veut retirer 3,4 milliards d'euros via la chasse aux niches fiscales "inutiles" et "inefficaces" et via le remplacement de l'abattement de 10% pour le calcul de l'impôt sur le revenu pour "frais professionnels" sur les pensions de retraites par un forfait annuel.
Le gouvernement prévoit également de dégager 4,2 milliards d'euros grâce à des "mesures d'équité fiscale"; une contribution de solidarité sur les plus hauts revenus a ainsi été annoncée.
Enfin, pour atteindre le total de 43,8 milliards d'effort budgétaire souhaité par le gouvernement, 1,8 milliard d'euros d'économies seront obtenus par des "réformes structurelles" (1,8 milliard).