Bayrou veut "responsabiliser les patients" sur les médicaments: les associations de patients lui répondent de s'en prendre aux médecins

Les patients n'ont pas non plus traîné à manifester leur colère. Dans un communiqué diffusé ce mercredi 16 juillet, la principale fédération française d'associations de patients, France Assos Santé, a partagé son "inquiétude" concernant le plan de redressement des finances publiques présenté mardi par le Premier ministre François Bayrou.
Et pour cause : pour économiser pas moins de 5 milliards d'euros dans le champ du social et de la santé, le chef du gouvernement a annoncé le doublement, dès 2026, des plafonds de franchises médicales et des participations forfaitaires à 100 euros contre 50 euros actuellement. Pour rappel, il s'agit de sommes discrètement déduites par l'Assurance-maladie sur les remboursements des médicaments, des consultations médicales et paramédicales, des examens de radiologie, analyses de biologie médicale, ainsi que des trajets en transport sanitaire.
"France Assos Santé exprime sa vive inquiétude face à l'orientation politique défendue, qui fait peser sur les usagers du système de santé la responsabilité des dérives et des tensions actuelles", peut-on lire dans le communiqué.
D'après le chef du gouvernement, il est notamment question de "responsabiliser les patients" sur le coût de la santé, abondant dans le sens de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), qui a appelé la semaine dernière à "sortir de l'illusion du tout gratuit".
Les médecins, "principaux artisans" de la sur-prescription de médicaments
Mais en matière de consumérisme médical ou d'usage parfois non raisonné des médicaments, France Assos Santé pointe le rôle des prescripteurs. "Les franchises ne s'appliquent que sur des soins prescrits. Pourquoi, dès lors, n'est-il pas question de la responsabilité des médecins?", interroge l'association pour qui "faire porter la charge sur les seuls patients est non seulement injuste, mais aussi inefficace".
Les mesures de responsabilisation devraient s'appuyer, selon la fédération, sur "une meilleure régulation des acteurs, notamment des médecins prescripteurs, principaux artisans de la particularité française de sur-prescription et de mésusage, sources de risques pour les personnes malades, de dépenses inutiles et d'impact environnemental".
Les franchises médicales ont déjà doublé en 2024
Créées en 2008 sous la présidence de Nicolas Sarkozy dans le but, déjà à cette époque, de résorber le trou de la Sécu, les franchises médicales ont déjà doublé en 2024, provoquant l'ire des associations de patients.
Depuis le 31 mars 2024 en effet, un euro est déduit des remboursements de médicaments et consultations paramédicales (contre 0,50 euro auparavant), 2 euros des examens et analyses de biologie médicale (au lieu de 1 euro) et 4 euros des trajets en transports sanitaires (au lieu de 2 euros).
Suivant un mécanisme similaire, des participations forfaitaires sont aussi déduites en catimini par la Sécu des remboursements des consultations chez un médecin généraliste ou spécialiste. Ces sommes ont aussi doublé depuis le 15 mai 2024, passant de 1 à 2 euros. Au total, ces augmentations devaient rapporter 800 millions d'euros à la Sécu en année pleine.
A l'exception des médicaments, un plafond journalier au-delà duquel l'Assurance maladie ne peut plus retirer des franchises des remboursements s'applique : il atteint 4 euros pour les consultations chez un kiné ou une infirmière, et 8 euros pour les rendez-vous chez un médecin, les examens et analyses de biologie médicale ainsi que les transports sanitaires.
Qui plus est, le gouvernement avait déjà envisagé, en 2024 aussi, de doubler aussi les plafonds annuels des franchises médicales et des participations forfaitaires qui s'élèvent chacun à 50 euros par année civile. L'équipe gouvernementale en place à l'époque avait finalement en partie cédé aux pressions, abandonnant le doublement des plafonds des franchises et participations forfaitaires. En relançant ce projet, François Bayrou pique donc à vif les usagers du système de santé, en particulier les patients en affection longue durée (ALD).