Comment le gouvernement peut dégager plus de 4 milliards d'euros de recettes en supprimant deux jours fériés

Supprimer deux jours fériés permettrait d'économiser 4,2 milliards d'euros, selon François Bayrou. - MYCHELE DANIAU / AFP
"Il faut travailler plus. Je propose donc que deux jours fériés soient supprimés pour le pays", a déclaré François Bayrou, mardi 15 juillet, en annonçant les pistes retenues par le gouvernement pour réaliser "43,8 milliards d'économies" dans le budget 2026.
"Je cite comme exemple, mais je suis prêt à accepter d'autres idées, le lundi de Pâques, qui n'a aucune signification religieuse, et le 8 mai, dans un mois de mai qui est devenu un véritable gruyère", a poursuivi François Bayrou.
Ce dernier a ajouté que cela pourrait apporter "plusieurs milliards au budget de l'État, simplement parce que la Nation travaillera et que notre production sera améliorée", reprenant ici une proposition déjà formulée par le Medef, principal syndicat patronal, ou par l'institut Montaigne, à la ligne libérale. Un graphique projeté lors de la conférence de presse affichait un gain de 4,2 milliards d'euros.
Une contribution des entreprises qui reste à définir
Les deux jours actuellement payés sans être travaillés resteraient payés mais en devenant deux jours travaillés. L'entreprise reverseraient alors une part des gains générés sur ces deux journées sous la forme d'une contribution à l'État dont le montant reste à définir. Concrètement, il n'y aurait pas de hausse de salaire mais pas de baisse non plus, seulement plus d'heures de travail aussi bien pour les salariés du public que ceux du privé.
Les employeurs verront donc leur production augementer sans surcoût salarial. D'où l'idée de l'exécutif de prélever une contribution.
En réalité, la proposition du gouvernement se rapproche du fonctionnement de la journée de solidarité: comme pour le lundi de Pentecôte, une contribution des entreprises sur le bénéfice tiré du travail ce jour là serait mise en place.
À la différence qu'il ne s'agira pas nécessairement d'une contribution à hauteur de 0,3%, comme pour la journée de solidarité (son montant reste à définir) et que les recettes obtenue grâce à cette contribution ne seraient pas nécessairement affectées à la Sécurité sociale. Par ailleurs, les entreprises ne seront pas autorisés à fragmenter ces deux jours (par exemple en travaillant deux minutes de plus chaque jour).
Sans connaître le taux exact de la contribution, il est difficile d'anticiper l'impact sur les finances publiques. Mais l'estimation du gouvernement semble cohérente voire basse, puisque la journée de solidarité de la Pentecôte a rapporté 3,5 milliards en 2025 aux finances publiques.
Un rapport du Sénat avait proposé la création d'une nouvelle journée de solidarité de ce type, anticipant 2,4 milliards d'euros supplémentaires. Ici le gouvernement propose deux jours fériés supprimés, les recettes seront donc normalement plus élevées.
3 milliards de plus de PIB
Par ailleurs, ces deux nouvelles journées de travail pourraient également générer d'autres recettes pour l'État. Car ces deux jours représentent 14 heures de travail en plus, ce qui se traduirait par plus de production et de PIB. Et donc de ressources fiscales.
Pour l'heure, l'effet potentiel sur l'économie n'est pas estimé de manière précise. Pour s'en donner une idée, il est toutefois possible de se reporter à une note de de l'Insee qui évalue l'effet du calendrier de l'année 2024 sur le PIB (Produit intérieur brut) français.
Ses auteurs relèvent que "deux lundis ouvrés de plus en 2024 par rapport à 2023" ont eu un effet positif sur la croissance de 0,10 point (soit environ 3 milliards d'euros supplémentaires). Sur le papier, travailler deux jours supplémentaires pourrait donc faire croître le PIB de 3 milliards d'euros.
Dans le même ordre d'idée, Mathieu Plane, économiste à l'OFCE indiquait à TF1 l'an passé que "chaque jour ferié qui tombe en semaine représente une perte de 0,06 point de PIB", soit environ 1,75 milliard d'euros, et donc potentiellement 3,5 milliards si deux jours feriés sont supprimés.
Selon les calculs de BFM Business, cela pourrait faire grimper les recettes fiscales d'environ 1 milliard d'euros.