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Carburants: combien va nous coûter le plein sans les ristournes?

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Avec la réduction de la ristourne (avant sa fin programmée en janvier), les prix du carburant devraient faire un bond dans les stations. Un coup dur pour le pouvoir d'achat que le gouvernement auquel le gouvernement va répondre par des aides ciblées guère populaires.

C’est une nouvelle fois la ruée dans les stations-service. A quelques heures de la minoration des ristournes sur le carburant, les automobilistes se précipitent pour faire un dernier plein avant la hausse brutale de prix.

Dès ce soir 00h01, la ristourne de 30 centimes du gouvernement passe en effet à 10 centimes. Celle de TotalEnergies dans les stations du groupe va passer elle de 20 à 10 centimes. Les automobilistes français qui paient leur carburant moins cher que la plupart de leurs voisins européens vont donc retrouver les standards internationaux.

Au-dessus de la barre symbolique des 2 euros

Soit un litre à plus de 2 euros ce qui n'était plus arrivé depuis la fin du mois d'août. Actuellement le gazole est à 1,85 euro le litre selon le site Carbu.com. Si on rajoute les 20 centimes de l’Etat on passe donc logiquement à 2,05 euros de moyenne pour ce mercredi 16 novembre. Dans les stations TotalEnergies, il faudra encore ajouter 10 centimes.

Sur le SP95 on ne devrait pas franchir les 2 euros mais on ne sera pas loin : de 1,69 euro le litre on devrait passer à 1,89 euro sans la ristourne de l’Etat. Si on rajoute les 10 centimes de Total on va frôler les 2 euros dans les stations du pétrolier.

Un carburant aux alentours de 2 euros alors même qu’il y aura toujours des ristournes et ce jusqu’au 31 décembre prochain. A compter du 1er jour de 2023, il faudra ajouter encore 10 centimes sur le litre et même 20 en tenant compte de la fin de la ristourne de TotalEnergies. Aux prix actuels du carburant (hors-rabais), cela porterait donc le litre à des sommets possiblement jamais atteints, entre 2,20 et 2,30 euros le litre.

La fin totale de la ristourne au 1er janvier

Il faut espérer que d'ici là le prix du baril de pétrole baisse sensiblement (ce qui n'est pas impossible dans le contexte actuel de récession) pour éviter la ponction carburant sur le pouvoir d'achat.

Car de ristourne, il n'y en aura plus l'année prochaine, le gouvernement est inflexible. D’abord parce qu'il s'agit d'une subvention aux énergies fossiles. Pas vraiment dans l'air du temps qui plus est en pleine Cop 27. Ensuite parce que ça coûte cher: entre 900 millions et 1 milliard d’euros chaque mois pour les caisses de l’Etat (7,5 milliards d'euros au total depuis le 1er avril). Et du côté de TotalEnergies la ristourne a coûté au pétrolier français entre 500 et 600 millions d'euros sur l'année 2022.

Le gouvernement va donc cette fois passer par des aides ciblées déjà plusieurs fois repoussées cette année même si les Français n'y sont pas favorables. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 61% des Français préfèrent des mesures pour tous les ménages plutôt que des aides ciblées sur ceux qui en ont le plus besoin.

Un dispositif "gros rouleur" à la place de la ristourne

Le dispositif "gros rouleur" devrait être détaillé dans les prochaines semaines. Les ministres parlent d'ores et déjà d’un dispositif très simple: un site internet sur lequel on entrerait sa carte grise et son numéro de télédéclarant.

Reste à savoir qui y aura droit. Le gouvernement parle de "classes populaires" et des des "classes moyennes". L'été dernier, le précédent projet de dispositif évoquait une distance de 30 km au minimum entre le domicile et le travail et au moins 12.000 kilomètres parcourus par année et par véhicule.

Une fois éligible, combien touchera alors l'automobiliste? Le gouvernement parle d'une enveloppe prévue qui serait comprise entre 1,5 et 1,6 milliard d'euros pour environ 12 millions d’automobilistes qui y auraient droit. Ce qui représenterait un chèque moyen 133 euros, soit à peine plus d'un plein de 60 litres au tarif actuel du carburant. Suffisant pour calmer la grogne potentielle?

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco