Ce que l'on sait des futurs réacteurs nucléaires EPR2 annoncés par Emmanuel Macron

Après les annonces de novembre, place à la feuille de route. Le chef de l'Etat qui avait annoncé la construction de nouveaux réacteurs sur le territoire a donné des détails ce jeudi à l'occasion de sa visite à Belfort. Place aux réacteurs de nouvelle génération.
Alors que le premier réacteur EPR à Flamanville (Manche) accuse un important retard et ne devrait pas entrer en fonction avant 2023, Emmanuel Macron annonce une commande de six nouveaux réacteurs EPR ainsi qu'une étude pour huit de plus.
"Les chantiers devraient débuter à horizon 2028 et une mise en service à horizon 2035", a annoncé le chef de l'Etat.
Baptisés EPR2, ces réacteurs devraient entrer en fonction entre 2035 et 2045 sur les sites des actuelles centrales nucléaires, à raison de deux réacteurs par site.
Les deux premiers projets devraient donc lancés à Penly (Seine-Maritime), deux autres seront situés à Gravelines (Nord) et les deux derniers seront sur le site du Tricastin (Drôme-Vaucluse) ou du Bugey (Ain).
Un programme ambitieux qui ne s’arrête pas là puisqu’Emmanuel Macron se projette aussi au-delà de 2050, avec 8 EPR supplémentaires construits par paire tous les 5 ans entre 2045 et 2065. Le coût total de ces 14 EPR2 devrait avoisiner les 100 milliards d'euros, selon la Cour des comptes.
En 2020, la Cour des comptes avait pointé l'enjeu financier "majeur" d'un tel programme, chiffrant le coût de construction de six EPR de nolle génération (EPR2) à 46 milliards d'euros. Dans un autre rapport publié en novembre, elle évoquait une "fourchette de coût comprise entre 85 et 100 euros/MWh" pour l'électricité ainsi produite.
Les nouveaux EPR devront donc faire la preuve qu'ils seront moins coûteux.
"Un million d'heures d'ingénierie"
Ces EPR2 seront en fait des améliorations de l'actuel EPR de Flamanville. Pour abaisser le coût des réacteurs de nouvelle génération, EDF a imaginé deux types de nouveaux réacteurs pressurisés: l'EPR-NM (pour nouveau modèle) qui devait fournir une puissance thermique supérieure à celui de Flamanville et l'EPR2 qui reprend la même conception que le réacteur de la Manche et offre un niveau de puissance comparable. C'est ce dernier qui a eu les faveurs de l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN).
"EDF a lancé EPR2 pour lequel il a consacré plus d'un million d'heures d'ingénierie et qui offre des améliorations significatives par rapport à celui de Flamanville", assure le chef de l'Etat.
Pour abaisser les coûts,l'EPR2 est censé être "plus simple à construire" et plus standardisé, bénéficiant d'un effet de série (construction par paires) et de préfabrications en usine ou modularisation. C'est aussi "le premier réacteur à être totalement conçu de façon numérisée", avec simulation 4D et visualisation 3D pour mieux détecter les anomalies, souligne EDF.
Pour construire des nouveaux réacteurs, il faudra plusieurs étapes avec un débat public sur le projet et le dépôt par EDF auprès du gouvernement d'une demande d'autorisation de création d'une installation nucléaire, qui sera ensuite instruite par l'ASN. "La procédure, dont le délai d'instruction est de trois ans (prorogeable de deux ans) inclut une enquête publique et se conclut par un décret d'autorisation de création", précise-t-on à l'ASN.
Ces EPR2 seront complétés par de petits réacteurs modulables (SMR) et des réacteurs "innovants" produisant moins de déchets, avec l'objectif de "25 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d'ici 2050", une "révolution" justifiée par la hausse des besoins d'électricité.
Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé qu'il allait "prolonger tous les réacteurs qui peuvent l'être", au-delà de 50 ans si possible, une volte-face par rapport aux objectifs de 2018 d'en fermer une douzaine.
