Nucléaire: la région de Penly attend ses EPR

Cette fois, Penly va obtenir son réacteur nouvelle génération. Emmanuel Macron dévoile ce jeudi à Belfort son plan de relance du nucléaire et la Seine-Maritime est concernée par l’implantation de deux EPR. Le projet est dans les cartons depuis une dizaine d’années, racontent les habitants de Petit-Caux, une toute jeune commune qui englobe Penly.
Parmi les acteurs locaux qui se réjouissent, le président de Dieppe Mécano Énergie est en bonne place. Patrice Gault dirige un groupement de 165 entreprises, représentant 12.500 salariés sur le bassin dieppois. Ce chantier d’une douzaine d'années qui s’annonce est “une chance” pour les sociétés du secteur, selon lui.
“Il n’y a que des avantages pour [les entreprises] qui veulent travailler avec les centrales. C’est vraiment dans tous les domaines. Services, logistiques, génie civile, métallurgie… vraiment tous les domaines”, affirme Patrice Gault, qui va s’impliquer davantage dans le chantier de construction des EPR grâce à la commission de sûreté.
Les entreprises de Dieppe prêtes à démarrer le chantier
S’il est si prompt à soutenir l’implantation de ces réacteurs nucléaires, c’est avant tout parce que le président de Dieppe Mécano Energie sait que des emplois sont à la clef.
“Il y aura jusqu’à 10.000 travailleurs sur le chantier. Ils viendront avec des familles [soit] entre 15.000 et 20.000 personnes à loger”, poursuit-il.
Car les défis commencent tout juste pour Penly : logement, écoles… les conséquences sur le foncier comme sur la mobilité à Petit-Caux - et plus largement dans la région - seront sans doute très importantes.
“Au niveau local c’est énorme. Sur tous les commerçants. Les hôtels. Au niveau culturel. Les écoles. Toute la vie économique du territoire va être impactée. Mais… positivement”, se réjouit Patrice Gault.
Un avis partagé par Patrice Philippe, maire de Petit-Caux. Dans son bureau, il raconte avoir “très bien accueilli la nouvelle”. Le territoire était déjà en course pour l’implantation d’EPR depuis plus de dix ans.
“EDF avait choisi Penly par deux fois dans le passé, et ça ne s’était pas fait. Donc on reste prudent, cette fois”.
"Une chance pour le territoire"
D’après le maire, une fois la décision gravée dans le marbre, les travaux de terrassement pourraient commencer l’année prochaine. De quoi provoquer des nuisances pour ses administrés, certes, mais pour le maire, les avantages dépassent les inconvénients.
“Il y aura un grand chantier avec des équipements pour un territoire élargi. C’est toujours une richesse quand une grosse entreprise s’installe sur un territoire. Ça bénéficiera à toute la population”, se réjouit l’élu.
A ceux qui s’inquiètent de la sûreté de deux futurs EPR à proximité de chez eux, Patrice Philippe assure qu’il n’y aura pas plus de risque qu’avec la centrale nucléaire actuelle, exploitée par EDF depuis 1990.
“Ca fait 30 ans que nos habitants vivent près de la centrale et ils ne fuient pas, au contraire. C’est donc que le nucléaire ne pose pas problème”.
Pourtant, des activistes s’opposent bien à l’implantation des nouveaux EPR à Penly. Depuis les hauteurs de la ville, Françoise Kobylarz décrit les deux dômes de la centrale et le chenal qui permet de capter l’eau froide. Cette militante du collectif Antinuc’ de Dieppe pointe trois défauts majeurs. Le premier concerne la sécurité.
“On nous dit que [cette implantation] sera moins calamiteuse, moins ‘fiasco’ que Flamanville mais c’est en baissant les normes de sécurité”, affirme savoir Françoise Kobylarz.
Le tout-nucléaire inquiète
Autre problème pour ce collectif militant: la dépendance économique du territoire de Seine-Maritime au nucléaire. Penly pourrait être “à la botte d’une mono-industrie” ce qui “plomberait le territoire”.
Dernier point d’accroche, le développement d’autres sources d’énergie, empêché par la centrale et les futurs EPR d’après la militante écologiste.
“[Ici] il y a le projet d’un parc éolien en mer, qu’on a énormément de difficultés à faire sortir de l’eau parce que le lobby nucléaire s’oppose et instrumentalise tous les autres acteurs de la région”, s'indigne Françoise Kobylarz.
EDF a proposé de construire ces EPR2 par paire, sur deux autres sites que Penly: à Gravelines dans le Nord et à Bugey dans l’Ain ou à Tricastin, dans la Drôme.