"Une violence totalement débridée": le procureur de Nice condamne la fusillade qui a fait deux morts aux Moulins

Invité de BFM Nice Côte d'Azur ce jeudi 9 octobre, Damien Martinelli, procureur de la République, est revenu sur la fusillade mortelle survenue aux Moulins vendredi 3 octobre. Il a notamment fait un lien entre les tirs et le réseau de trafic de stupéfiants marseillais.

Un peu moins d'une semaine après la fusillade mortelle, qui s'est déroulée vendredi 3 octobre dans le quartier des Moulins à Nice, Damien Martinelli, procureur de la République, était l'invité de BFM Nice Côte d'Azur, ce jeudi 9 octobre, et a condamné ces tirs qui ont fait deux morts et cinq blessés.

Un quartier "tragiquement meurtri"

Au cours de la soirée, un SUV, volé à Marseille fin septembre, a fait irruption dans le quartier. À bord, des tireurs cagoulés ont ouvert le feu avec un fusil d'assaut à proximité d'un point de deal. Un homme d’origine tchétchène âgé d'une cinquantaine d'années et un Niçois âgé de 20 ans ont été tués, tandis que cinq autres personnes, dont deux mineurs, ont été blessés.

"C'est la traduction d'une violence totalement débridée, avec des passages à l'acte qui visent des personnes qui n'ont rien à voir avec le trafic. Ce quartier est à nouveau tragiquement meurtri", a déploré Damien Martinelli au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

Le procureur assure que "dès vendredi (3 octobre NDLR) soir, il y a eu une très forte mobilisation du parquet, des services d'enquête, de la police judiciaire" pour retrouver les suspects, en fuite. "On a pu tirer les premiers fils qui ont mené" à l'interpellation des mis en cause, indique Damien Martinelli.

"Une volonté de terroriser"

L'affaire a été prise en main par le parquet de Marseille, qui dispose de "moyens plus adaptés" dans ce genre de cas. "Les faits ici sont d'une grande complexité (...). C'est pour ça que le parquet de Marseille a voulu se saisir de cette procédure", explique le procureur sur le plateau de BFM Nice Côte d'Azur.

Y a-t-il un lien entre la fusillade à Nice et le narcotrafic?

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Damien Martinelli a mis en avant des "alliances" au sein du réseau de trafic de stupéfiants niçois "avec des Parisiens et des Marseillais", évoquant des affaires dans lesquelles "la présence de la DZ Mafia" était avérée.

Si certains habitants du quartier, choqués par les faits, ont évoqué un "attentat", Damien Martinelli a précisé que les faits sont "en lien avec le trafic de stupéfiants". Il avoue cependant comprendre "cette perception", estimant qu'il y a "d'évidence une volonté de terroriser des adversaires, des personnes présentes, un lieu".

Ce type de passage à l'acte cible des lieux dans une optique "de terreur, de conflit, de récupération de points de vente, de vengeance ou de dette non honorée" ajoute le procureur, qui estime qu'"il peut y avoir de nombreuses raisons".

Deux suspects incarcérés

S'il reconnaît qu'"il y a plusieurs points de deal" dans la zone, Damien Martinelli affirment qu'ils sont "en diminution" et rappelle que des "opérations" y sont réalisées tous les jours.

"Aujourd'hui on est sur cinq ou six points de deal (...). Les niveaux de consommation sont très élevés, avec des chiffres d'affaires conséquents. Nous devons rester humbles et déterminés car nous savons que nous ne sommes pas capables de tout maîtriser", a-t-il conclu.

Deux suspects, présentés ce mercredi 8 octobre à un juge d'instruction, ont été mis en examen pour "assassinats et de tentative d’assassinats en bande organisée", "vol et de recel de vol en bande organisée", ainsi que "participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime en bande organisée". Ils ont été placés en détention provisoire.

Un grand rassemblement été organisé ce mercredi à Nice, à l'initiative de la communauté tchétchène, pour rendre hommage aux victimes.

Mathias Fleury