"Je ne dors plus": les inquiétudes des habitants du quartier Fenoglio à Nice face au trafic de stupéfiants

La cité Fenoglio à Nice (Alpes-Maritimes), le mercredi 22 janvier 20255 - BFM Nice Côte d'Azur
Plusieurs interventions du Raid en moins d'une semaine. La petite cité Fenoglio, à l'est de Nice, est le terrain de trafics de stupéfiants, qui gangrènent peu à peu le quartier. Depuis vendredi 17 janvier, huit interpellations et des saisies d'armes ont eu lieu.
Si le trafic a toujours existé au sein de la cité, les habitants n'en peuvent plus. En quelques jours seulement, les violences se sont intensifiées, et les riverains ne cachent pas leur peur.
Sur place, plusieurs ont confié à BFM Nice Côte d'Azur "vivre un enfer". "Je ne dors plus la nuit", a assuré un habitant. "On entend parfois des tirs, des cris, ou encore le feu qu'ils allument chaque soir pour se réchauffer. Ma femme ne veut plus sortir toute seule."
D'autres se disent malheureusement habitués à cet environnement violent, même si la nuit tombée ils se barricadent tout de même chez eux car "on ne sait pas quand et où ça tire".
Des jeunes, pour la plupart mineurs
Avec le temps, les trafiquants se sont adaptés pour continuer à agir dans la cité. "Parfois, il y a des gens des immeubles qui appellent la police pour prévenir qu'il y a un gamin qui se fait tabasser donc maintenant ce qu'ils font, c'est qu'ils les prennent, les amènent en voiture, et les amènent assez loin pour les tabasser", note une habitante au micro de BFM Nice Côte d'Azur.
Face aux riverains, des trafiquants certes, mais aussi et surtout beaucoup de jeunes, qui deviennent les petites mains du trafic. Les huit personnes récemment interpellées sont âgées de 16 à 25 ans et sont majoritairement des mineurs. "Une fois, mon père a parlé avec un jeune qui venait d'arriver", continue la riveraine.
"Il lui a dit que de toute façon il n'allait pas devenir riche comme ça, mais le gamin lui a dit qu'il n'avait pas le choix. C'est aussi des gamins désespérés", note-t-elle.
La crainte d'une implantation de la DZ Mafia
Les forces de l'ordre ont pris le problème à bras-le-corps. La brigade spécialisée de terrain, le Raid... De nombreuses équipes interviennent régulièrement. Plusieurs opérations ont eu lieu entre vendredi 17 et samedi 18, ainsi que ce lundi 20 janvier.
Mais le sentiment d'abandon des pouvoirs publics persiste chez les riverains. Le bailleur social, Côte d'Azur Habitat, n'est pas intervenu, tandis que les dealeurs entreposent leurs armes dans des appartements vides et squattés et opèrent dans les couloirs des résidences.
De plus, intervenir dans la cité reste compliqué car cette dernière est enclavée. "Elle est particulière, elle est en cul-de-sac", souligne Laurent Alcaraz, délégué départemental du syndicat Alliance Police nationale.
Une configuration qui aide l'organisation des trafiquants à rester bien rodée. "Il y a juste à se positionner à un bon endroit pour guetter, on a une vue à 280 degrés. C'est 50 ou 100 mètres d'avance sur nous, et ils arrivent à se réfugier dans des appartements", avance-t-il.
Au moins quatre des huit interpellés depuis vendredi sont originaires de Marseille, ville où le narcotrafic est l'un des plus importants de France. Un détail qui n'en est peut-être pas un, et qui interpelle les pouvoirs publics: la présence de ces jeunes signifie-t-elle que la DZ Mafia, cartel de drogue très actif dans la cité phocéenne, tente de s'implanter à Nice?
Une enquête est en cours et devra déterminer s'il existe un lien entre le trafic niçois et le trafic marseillais.