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Inondations meurtrières de 2015 à Biot: au procès, les prévenus continuent de se renvoyer les responsabilités

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Lors de leurs premiers témoignages à la barre, les prévenus n'ont pas changé leur discours et se rejettent une nouvelle fois la faute. Des réactions que déplorent les familles des victimes qui attendent des réponses.

Un premier jour de procès qui ne surprend pas. Ce mardi 16 janvier s'est ouvert l'audience du groupe Orpea et de l'ancienne maire de Biot concernant la mort de trois résidentes de l'Ehpad du Clos Saint-Grégoire, noyées lors des inondations meurtrières du 3 octobre 2015.

Depuis huit ans, le groupe privé et la municipalité rejettent responsabilité et faute sur l'autre. Face à l'attente de réponses des familles de victimes, les prévenus ont campé sur ses positions ce mardi.

Quatre prévenus sont à l'audience lors de ces quatre jours de procès: Anaïs Gledel, directrice de la maison de retraite de l'époque et en poste depuis un mois au moment du drame, la société Orpea, l'ancienne édile Guilaine Debras ainsi que le responsable des risques naturels de la ville Yann Pastierik.

Une absence des systèmes d’appel en masse

L'ancienne maire de Biot Guilaine Debras et son responsable des risques naturels Yann Pastierik ont expliqué à la barre que le plan communal de sauvegarde de l’ancienne municipalité était inapte et en pleine réécriture au moment des faits.

"Il y avait une absence des systèmes d’appel en masse pour aviser la population", ont-ils clamé.

Pourtant, la commune avait déjà subi des phénomènes météorologiques importants en 2011 et réalisé des travaux.

Du côté de la directrice de l'Ehpad de l'époque Anaïs Gledel et de la société Orpea, ils indiquent n'avoir été alertés par les institutions que très tardivement, ce qui les a empêchés de réagir à temps.

"On a uniquement une alerte orage, on n'est pas informés d'un danger imminent", relate leur avocat maître Michel Valiergue. "Lorsque le phénomène est sur place, c'est à ce moment-là qu'on se rend compte du danger."

Selon lui, il y a eu une faille au niveau de Météo-France, puis de la préfecture et des organismes administratifs, et enfin au niveau de la commune, qui ont empêché la direction de l'Ehpad d'agir. "Nous on est en bout de course, et on agit seul."

"Ils minimisent tous le rôle qu'ils ont joué"

Des explications et des arguments qui n'ont pas convaincu les parties civiles. "Les réponses sont trop faciles", dénonce Denis Delaup, qui a perdu lors des inondations la grand-mère de son épouse.

"Cette maison de retraite a été inondée plusieurs fois, autant les élus n'ont pas pris en considération le PPRI (Plan de prévention des risques naturels d'inondation, NDLR), autant le groupe Orpea, en rachetant cet Ehpad n'a pas pris en considération ce risque inondation", poursuit-il.

"Ils minimisent tous le rôle qu'ils ont joué", continue-t-il au micro de BFM Nice Côte d'Azur. Pour Denis Delaup, chacun a ses tords et sa responsabilité dans le drame survenu il y a plus de huit ans.

D'un côté, la municipalité n'a pas transmis la vigilance orange émise par Météo-France et transféré par la préfecture, de l'autre l'Ehpad n'a pas pris de mesures pour assurer la sécurité des résidents. "Des manquements indéniables ont été faits", estime Denis Delaup.

Les interrogatoires des prévenus sont toujours en cours. Ils encourent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. Le procès, lui, continuera jusqu'à vendredi.

Claudia Olivier, avec Juliette Moreau Alvarez