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"Deux poids, deux mesures": le militant Cédric Herrou dénonce la différence d'accueil des réfugiés

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L'agriculteur militant, arrêté pour avoir aidé au passage de migrants en France, espère que l'accueil des réfugiés ukrainiens fera évoluer "les choses".

L'élan de générosité envers le peuple ukrainien suscite des questionnements de la part des associations et militants qui viennent habituellement en aide aux exilés. Favorables à l'accueil de réfugiés, certains dénoncent une différence de traitement entre les migrants venant de l'Europe de l'Est et ceux venant d'Afrique.

C'est le cas de Cédric Herrou, agriculteur de la vallée de la Roya, poursuivi pour avoir convoyé des migrants venus d'Italie et organisé un camp d'accueil en 2016, avant d'être relaxé.

"Ce qui choque beaucoup, c'est les deux poids, deux mesures entre les réfugiés africains et les réfugiés ukrainiens", déclare-t-il, au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

L'agriculteur et militant s'indigne de voir "des gens et des gamins dormir à la rue", "maltraités à Calais, dans le Briançonnais ou dans la vallée de la Roya, parce qu'ils sont Africains". "Ça fait un petit peu mal au coeur, j'ai l'impression que ce racisme anti-noir s'exécute par la position du gouvernement français sur l'accueil des Ukrainiens", ajoute-t-il.

Pourtant, Cédric Herrou est "tout à fait d'accord" avec la politique d'accueil des réfugiés ukrainiens, mais il reconnaît que "cette différence de traitement" est "assez dérangeante".

"L'accueil des Ukrainiens fera évoluer les choses"

Après ses nombreuses affaires avec la justice pour son aide apportées aux migrants, Cédric Herrou veut désormais aller "de l'avant". "On m'a mis en prison, on m'a enfermé, on m'a poursuivi, on m'a pourchassé, maintenant les temps changent et tant mieux", déclare-t-il. L'agriculteur est confiant en ce qui concerne les accueils de réfugiés à l'avenir.

"L'accueil des Ukrainiens fera évoluer les choses, bien évidemment parce qu'on va s'organiser pour accueillir et après la crise ukrainienne, on aura d'autres crises à affronter, explique-t-il. Je pense que la crise de migration, c'est un peu comme la crise Covid, il faut se préparer: il faut avoir les hôpitaux et les centres d'accueil prêts. C'est important que notre nation puisse s'organiser en présageant de futures crises."

Cédric Herrou espère également que cette générosité dans l'accueil des Ukrainiens permettra à l'avenir une coopération entre les services de l'État et les associations, qui s'occupent d'ordinaire de l'accueil des exilés. "Si on peut contribuer à travailler main dans la main (...) tant mieux, on est favorables à ça."

Depuis le début de la guerre en Ukraine, 2 millions de réfugiés ont fui le pays. "1200 personnes" ont déjà été accueillies en Provence-Alpes-Côte d'Azur, a annoncé ce jeudi, au micro de BFMTV, le président de la région Renaud Muselier.

Manon Aversa et Solenne Bertrand