Châteauneuf-de-Grasse: le maire se bat contre les "méga-consommateurs" d'eau dans sa commune

Le maire de Châteauneuf-de-Grasse part à la chasse au gaspillage. Alors que la sécheresse continue de sévir dans les Alpes-Maritimes, Emmanuel Delmotte veut réduire la consommation d'eau sur sa commune. Problème: Châteauneuf-de-Grasse accueille sur son territoire plusieurs villas qui consomment sans restreintes.
La situation est déjà critique sur la commune, "catastrophique" même pour l'édile. La Brague, qui prend source à deux pas de Châteauneuf-de-Grasse, est presque à sec. Les lavoirs et abreuvoirs de la ville ne coulent plus, une scène digne d'une fin de saison estivale.
"Ils ne sont pas du tout conscients"
En parallèle, d'immenses villas très gourmandes en eau jonchent la commune. Plus de 2000m3 peuvent y être consommés en sept jours. En une semaine, ces "méga-consommateurs" utilisent autant d'eau qu'une exploitation maraîchère en un an. Pourtant, à Châteauneuf-de-Grasse, des restrictions préfectorales sont déjà mises en place face au manque d'eau.
Emmanuel Delmotte pointe du doigt la responsabilité des riches propriétaires de ces domaines. Parmi eux, l'ex-Premier ministre italien Silvio Berlusconi ou encore le roi Albert de Belgique.
"Je pense qu'ils ne sont pas du tout conscients qu'il y a un problème de ressources. Pour eux, c'est une question de moyens. Donc si l'eau est chère, l'eau est chère."
La situation est, sur le long terme, intenable pour la municipalité qui veut mettre en place des solutions pour être certains de ne pas manquer d'eau. "On a encore la possibilité de sauver la situation culturale si on a de belles pluies en juillet, août, septembre, mais on ne se fait pas trop d'illusion", précise le maire.
Pour l'instant, l'édile mise sur la communication pour faire changer leurs habitudes à ces "méga-consommateurs". Un édito a notamment été publié dans le journal de la ville, traduit en anglais et en provençal.
Cette prévention s'adresse également aux autres habitants, détaille l'élu, car tout le monde doit être responsable. "Tout le monde a son petit bout de gazon qu'il arrose. Il faut leur faire comprendre qu'avoir un gazon vert ce n'est peut-être plus d'époque. Déjà, ça, c'est compliqué."
C'est un réel défi pour le maire, qui veut prendre le problème de stress hydrique à bras-le-corps. Son objectif est de faire diminuer leur consommation d'eau de 30 à 40% dès cette année. "On va y arriver", est persuadé Emmanuel Delmotte.
Les agriculteurs demandent des sanctions
Un engagement nécessaire, mais pas assez concret pour les agriculteurs de la région. Leurs cultures ont déjà été impactées par la sécheresse et les restrictions en eau en 2022. "Que chacun assume ses responsabilités", demande Jean-Philippe Frère, président de la fédération départementale des syndicats des exploitants agricoles (FDSEA) des Alpes-Maritimes.
Face aux surconsommateurs, il faut, selon lui, aller plus loin pour avoir de vrais résultats. Cela passe alors par des choix politiques forts.
"Aujourd'hui, ces gens qui ne suivent pas les règles et qui ne respectent pas les arrêtés, pour moi, ils doivent être sanctionnés. Et la sanction, ce n'est pas une amende."
Dans les Alpes-Maritimes, la situation est d'autant plus tendue que l'eau utilisée pour l'agriculture locale est potable. À Châteauneuf-de-Grasse, les professionnels ont déjà mis en place des techniques pour limiter leur consommation d'eau, comme le goutte-à-goutte, mais les regards se tournent désormais vers les particuliers.
En cas de non-respect des mesures de restrictions, les contrevenants s'exposent à une amende de 1500 euros maximum, voire 3000 euros en cas de récidive.