"Une époque prestigieuse et sulfureuse": une ancienne playmate installée dans les Hautes-Alpes conte ses souvenirs

"Quand on n'est pas habillée, on ne peut pas se soucier seulement du visage. Il faut penser à la hanche, à la chute de reins, à la poitrine, au visage, à tout. À rentrer son ventre. C'est cauchemardesque" se remémore Carol lorsqu'on évoque sa première photo pour le magazine Playboy dans les années 80.
À l'âge de douze ans, Carol commence à faire quelques photos, puis c'est à ses 18 ans, même si elle se trouve "moche", qu'elle voit d'autres filles "pas terribles" faire des photos magnifiques et se dit "pourquoi pas moi?".
"Dans ma famille, tout le monde a étudié, sauf moi." Puis, elle commence le mannequinat pendant près de dix ans. Japon, Italie, Allemagne, Suisse, à 22 ans la jeune femme part à New York.
Refus initial de devenir playmate
Un beau jour, on lui propose de faire des photos de mode pour Playboy ce qu'elle accepte mais refuse de devenir playmate.
"Cela voulait dire que la plupart de mes clients, pour des catalogues, pour le maquillage, pour les cheveux, n'auraient pas voulu de moi, puisque j'étais sulfureuse. Mais vers mes 27 ans, j'ai voulu reprendre mes études. J'étais mariée mais je n'étais pas heureuse, j'ai divorcé et accepté l'offre de Playboy, car je savais qu'on n'allait pas travailler tous les jours et qu'on gagnait bien notre vie. Pour pouvoir étudier à côté. Mais finalement, je n'ai pas étudié" raconte l'ancienne Miss December.
De là, la jeune femme pose pour la première fois nue et elle s'en souvient très bien. "Il y avait bien sûr au départ une certaine pudeur, mais ils (photographe, maquilleur) étaient très habitués à ça, moi j'étais déjà mannequin. Mais beaucoup de filles arrivaient de petites villes et n'avaient jamais fait de photos, c'était très traumatisant pour elles. Pour moi, ce n'était pas traumatisant mais je n'étais pas très à l'aise."
Un métier difficile
L'ancienne playmate se souvient très bien des longues heures où elle devait poser, mais aussi des nombreux fans qu'elle a rencontré lors des séances de dédicaces. "Il y avait beaucoup d'hommes et quelques femmes".
Elle se rappelle des bleus que pouvaient lui donner certaines séances photos. "On ne peut pas avoir une expression du visage en grande souffrance, il faut avoir l'air sexy, le regard et tout. Lorsque vous en avez ras le bol, vous avez mal au dos, au pied, car bien sur vous avez des talons hauts qui aident pour la cambrure, un cauchemar."
Une époque "prestigieuse et sulfureuse"
En quelques mots et avec son accent américain, Carol retrace cette vie, cette époque qu'elle qualifie de "prestigieuse et sulfureuse" et se rappelle du célèbre manoir Playboy. "C'était à côté de Beverly Hills, avec une grosse sécurité, le manoir avait une quinzaine de chambres, avec une cuisine équipée, des serveurs et des cuisiniers qui étaient là pour nous servir 24h/24, une salle de projection, une piscine magnifique, une grotte, des jacuzzis, des animaux sauvages. Les vendredis et samedis soirs, il y avait des avants-premières où toutes les playmates étaient invitées. On se faisait bronzer au manoir, on y passait forcément du temps."
Un métier qui pourtant ne la faisait pas rêver. Déjà végétarienne à l'époque et membre d'une association, elle a toujours adoré les animaux. Aujourd'hui, la playmate s'est réfugiée dans la commune d'Épine dans les Hautes-Alpes proche de sa belle-mère, sa seule famille. Elle vit avec ses deux chiennes Nana et Nenette paisiblement et loin des appareils photos. Désormais, elle accepte de les photos à reculons.