"On est pris au piège": une action des agriculteurs devant un hypermarché Auchan à Manosque

Les agriculteurs de la Coordination Rurale 04 ont réalisé une opération de blocage devant un hypermarché Auchan à Manosque ce lundi 25 novembre. Ils dénoncent les marges réalisées et les prix fixés par les enseignes de grande distribution.

La mobilisation des agriculteurs des Alpes du Sud se poursuit. Une manifestation a eu lieu ce lundi 25 novembre devant un hypermarché Auchan de Manosque, à l'initiative de la Coordination Rurale des Alpes-de-Haute-Provence.

Ces derniers jours, les syndicats d'agriculteurs ont réalisé des actions ciblant notamment les enseignes de grande distribution. Ils accusent ces dernières de marges abusives sur les produits agricoles.

"On est obligés de subir"

Ils estiment également que les prix imposés par les grandes enseignes ne leur permettent pas de vivre de leur métier. Très tôt dans la matinée, une dizaine de tracteurs se sont dirigés vers l'entrée du magasin Auchan.

"On est pris au piège par plein d'acheteurs qui se mettent d'accord sur le prix de manière à ne pas payer le prix de nos produits", explique Florent Signoret, président de la Coordination Rurale 04.

"On n'a pas le droit de déterminer le prix. Ce sont les autres qui déterminent le prix de nos marchandises. On n'est pas maîtres de la situation, on est obligés de subir", dénonce-t-il au micro de BFM DICI.

Des prix imposés qui ne suffisent plus à couvrir les coûts de production, comme le confie Bastien, arboriculteur au Poët (Hautes-Alpes). "Le problème c'est qu'on traîne des pieds. On a besoin d'avoir de la trésorerie sur nos exploitations pour pouvoir vivre", assure-t-il.

Michel, agriculteur à la retraite, donne l'exemple du blé, "payé en ce moment 200 la tonne", soit "20 centimes du kilo. Avec un kilo de blé, on fait un kilo de pain. Quand vous voyez que le pain, il coûte quasiment 5 euros... Il faut chercher l'erreur", s'insurge-t-il.

Promesses non-tenues, traité avec le Mercosur...

Venu spécialement de Lambesc (Bouches-du-Rhône) pour soutenir ses homologues, Nicolas illustre à son tour les prix dérisoires proposés pour les produits agricoles.

"Ces huit pommes sont vendues 2.90 euros. La pièce c'est 37 centimes. Vous imaginez le prix rémunéré aux agriculteurs. On ne peut pas vivre avec des prix comme ça. 37 centimes la pomme, ce n'est pas vivable" s'exaspère-t-il.

Florian, lui aussi agriculteur dans les Bouches-du-Rhône, rappelle au micro de BFM DICI que "derrière chaque agriculteur il y a une famille à nourrir".

À Manosque ce lundi, les membres de la Coordination Rurale 04 ont également investi les parkings des supermarchés Leclerc et Hyper U.

Ces derniers jours, les agriculteurs français se sont à nouveau mobilisés sur l'ensemble du territoire. Ils estiment que les promesses faites par le gouvernement au début de l'année 2024 n'ont pas été tenues. Le monde agricole s'oppose également frontalement au traité de libre-échange entre l'Union Européenne et les pays du Mercosur.

Barbara Tornambé avec Mathias Fleury