Manosque: faut-il changer le nom du square "La Négresse" ?

À Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), des habitants souhaiteraient que le square de "La Négresse" change de nom. La mairie ne souhaite pas rentrer dans ce débat.

À Biarritz, le nom du quartier "La Négresse" va devoir être débaptisé à la suite d'une décision de justice du 6 février. Dans un communiqué, la cour administrative d'appel a pointé du doigt un mot "de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine" qui peut être perçu par la population, "qu'elle soit résidente ou de passage, comme comportant un caractère offensant à l'égard des personnes d'origine africaine".

À Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), le square et deux bâtiments portent le même nom. Faut-il également effectuer un changement de nom comme pour Biarritz?

"Aucun rapport" avec le colonialisme

Pour Michel Martinet, président du comité du patrimoine manosquin depuis 1997, le square et même le quartier surnommés "La Négresse" sont "un lieu-dit". Pour connaître l'origine de cette appellation, il assure que c'est lui qui est le mieux placé. "J'ai 80 ans et j'ai toujours habité ici", indique-t-il.

"On fait un petit rapprochement avec Lazarine Nègre (poétesse, NDLR), mais sans plus. Elle n'habitait pas là. C'était un quartier. Pour les Manosquins, ça reste le quartier de la Négresse, on va à la Négresse. Ça n'a rien à voir avec ce qui s'est passé à Biarritz. Là-bas, il y a un rapport avec le colonialisme. Ici, il n'y a aucun rapport", assure Michel Martinet.

Ce dernier s'oppose donc au changement de nom.

La ville ne souhaite pas rentrer dans ce débat

Contactée par BFM DICI, la mairie précise que les deux bâtiments "La Négresse" n'appartiennent pas à la ville, mais au bailleur social H2P. Par ailleurs, la municipalité indique qu'elle ne souhaite pas rentrer dans ce débat. 

Au micro de BFM DICI, les Manosquins interrogés semblent être pour le changement de nom. "Bah 'La Négresse' quoi... Oui, je pense qu'il faudrait le changer. Ça a été un sujet de discussion avec mes amis", confie Nicolas, habitant du quartier depuis trois ans.

Léo, de passage en allant chez sa sœur, reconnaît que c'est un nom "qui peut déranger beaucoup de personnes".

Ce sujet a beaucoup d'importance pour Arlette, qui habite ici depuis 12 ans. "Je ne m'y suis jamais fait depuis qu'on est là. Je trouve que c'est péjoratif, ça ne me plaît pas du tout." Avant de rajouter : "Je ne sais pas si c'est urgent, car les gens d'ici sont habitués et ne voient pas le mal".

Recours à Biarritz

Pour l'association "Mémoires et Partages" basée à Biarritz, le combat n'est pas terminé, puisque la mairie devrait déposer un ultime recours. "On a du mal à prendre en charge des problématiques similaires, nous sommes une petite association", explique Karfa Sira Diallo, président de l'association. Elle n'exclut pas de s'en saisir à l'avenir.

"Peut-être pas tout de suite, ce n'est pas un combat facile, ça ne fait pas loin de 10 ans ici à Biarritz, c'est beaucoup d'énergie et d'argent", détaille-t-elle.

Le président de l'association confie que la situation à Biarritz s'est débloquée, lorsqu'une journaliste a commencé à publier une photo sur Twitter. 

Fanny Pechiney