Liaison Vars-Risoul: jusqu’à 50% de fréquentation en moins dans certains commerces

Le 27/01/2023 à 12h02

La station de Risoul - BFM DICI

Les socioprofessionnels des deux stations se sont réunis à la CCI 05. L’absence de Dominique Laudré n’est pas passée inaperçue.

Tous réunis. Ou presque. Selon les informations de BFM DICI, une table ronde réunissant de nombreux interlocuteurs préoccupés par la fermeture de la liaison entre Vars et Risoul, s’est tenue le mercredi 18 janvier dernier dans les locaux de la CCI à Gap.

Cédric Verline, secrétaire général de la préfecture des Hautes-Alpes, Chantal Eyméoud, vice-présidente de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Marcel Cannat, vice-président du conseil départemental des Hautes-Alpes ou Claire Bouchet, députée suppléante représentant le député des Hautes-Alpes Joël Giraud, étaient présents.

Tout comme des représentants de la communauté de communes du Guillestrois-Queyras, de la CCI 05 et de la station de Risoul, comme Régis Simond ou Jean-Yves Rémy. Sept commerçants de la Forêt Blanche avaient aussi fait le déplacement.

Seule absence, et pas des moindres, celle de Dominique Laudré, le maire de Vars et président de la SEM-Sedev. Conviée, Nicole Gaillan, directrice de l’office de tourisme de Vars, ne s’est pas non plus déplacée à ce rendez-vous.

Entre -10% et -20%

Au cours de cette table ronde, des données chiffrées ont été avancées par les socio-professionnels. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’absence de liaison entre Vars et Risoul pèse sur le chiffre d’affaires des commerçants, tant à Vars qu’à Risoul. Dans une synthèse émise à la suite des échanges, et à laquelle BFM DICI a eu accès, les chiffres sont globalement plus mauvais à Vars et Risoul que dans les stations voisines.

"En ce qui concerne les chiffres d’affaires des enseignes Spar/Sherpa pour les commerces alimentaires et SkiSet /Intersport pour les magasins de sport, le recul est tout particulièrement sévère en comparaison de la forte croissance des mêmes indices collectés sur Serre Chevalier, Montgenèvre, Puy-Saint-Vincent et Les Orres", peut-on lire dans la synthèse.

"Ces stations affichent des progressions de +20% à +30% alors que Risoul et Vars sont entre -10% et -20%. Certains commerçants sont déjà dans une situation très inquiétante pour pouvoir assurer la pérennité de leur établissement et de l’emploi de leurs salariés, notamment les restaurants d’altitude qui subissent en premier la baisse importante des flux de skieurs liée à la fermeture du domaine relié avec des pertes de -65% de Chiffre d’Affaire."

Un questionnaire pour les commerçants

Durant la table ronde, un questionnaire soumis aux commerçants a aussi été présenté et les résultats sont sans appel. Tous les socio-professionnels, ou presque, subissent des pertes en raison de l’absence de Forêt Blanche.

À Vars, 38 commerçants ont répondu à ce fameux questionnaire: des bars, des restaurants, des hôtels ou des magasins de sports. Plus d’un tiers de ces établissements ont vu leur chiffre d’affaires baisser de plus de 10%, un commerçant sur deux constate une baisse de son chiffre. Seuls quatre estiment au contraire que leur chiffre d’affaire est en augmentation depuis le début de saison.

Parmi les facteurs défavorables qui entraînent une baisse du chiffre d’affaires, 80% des commerçants sollicités estiment "que la restriction du domaine skiable" est la raison principale de cette baisse. Le prix élevé du forfait à Vars, malgré l’absence de liaison avec Risoul, est aussi relevé.

Gel des subventions à hauteur de 18 millions d’euros

Autre inquiétude évoquée durant cette table ronde: la fin des subventions. Tant de la part de la région, que du département et de l’État, le manque à gagner pour la Forêt Blanche pourrait être de l’ordre de 18 millions d’euros sur les prochaines années.

"Faute d’avancées dans les négociations qui garantiraient un retour rapide à l’intégrité du domaine de la Forêt Blanche, les parties présentes ont clairement confirmé leurs positions et la mise en application des mesures de suspension d’aides et subventions dont bénéficieraient les deux stations", évoque la synthèse de cette réunion.

Dans le détail, la région va geler les subventions d’investissement au titre du plan montagne (8 millions d'euros destinés à Vars et Risoul sur l’enveloppe de 100 millions d'euros des Alpes du sud sur la période 2021-2028). Un gel qui poussera le département à adopter la même sanction.

De son côté, la préfecture envisage la suspension des dotations d’investissement de l’État (le DETR, dotation d’investissement, aides aux collectivités et territoires) qui s’élèvent à 10 millions d'euros pour les stations Vars et Risoul. Elle rappelle "que l’État ne saurait aider un domaine qui ne se verrait pas d’avenir".

En conclusion, tous les acteurs réunis autour de cette table ronde partagent le même constat: l’avenir du Guillestrois est intimement lié à la capacité des mairies et des exploitants de garantir sans délais la pérennité du domaine de La Forêt Blanche.