Les Alpes du Sud face à la pénurie de saisonniers

Augmentation des salaires, réaménagement du temps de travail, logement à disposition... Tous les moyens sont bons pour attirer les saisonniers cette année alors que les stations redémarrent chacune leur tour dans les Alpes du Sud.
Pour la première fois, un forum pour l'emploi dédié à l'hôtellerie-restauration était organisé ce lundi à La Salle-les-Alpes, dans les Hautes-Alpes. Mais les allées étaient vides, très peu de candidats se sont déplacés.
À la mi-journée, seuls cinq contrats avaient été signés, alors qu'une trentaine de recruteurs étaient présents. Les entrepreneurs commencent à s'inquiéter de la situation.
Incertitude des restaurateurs
C'est le cas d'Agnès et Bruno qui cherchent depuis septembre un saisonnier pour leur pizerria et cela pourrait porter atteinte à leur commerce. "Si on ne trouve pas je ne sais pas comment on va faire. Suite à ce malaise du Covid, les gens sont partis pour trouver autre chose" constate Agnès Michaud-Sabaté, co-gérante de la pizerria Nono.
"Il y en a certains qui ne veulent pas le pass sanitaire, du coup ils fuient la restauration" juge Bruno, son mari.
Pass sanitaire, peur d'une deuxième année blanche, reconversion ou encore réforme du chômage... Les explications de cette pénurie sont nombreuses. Olivier de Roche, trésorier de l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie des Alpes-de-Haute-Provence, reconnaît que "c'est un gros problème".
Les professionnels tentent donc d'améliorer les conditions d'accueil des saisonniers. "C'est compliqué, ça ne va pas se faire en un jour" prévenait Olivier de Roche, invité de BFM DICI début novembre.
Besoin de logements
Le plus difficile reste de trouver des logements pour les saisonniers. Christophe Carne dirige un club de vacances dans la Vallée de Serre Chevalier. Il a dû se résoudre à louer lui-même des appartements pour trouver un toit aux candidats.
"Beaucoup de gens sont prêts à travailler mais viennent de l'autre bout de la France. L'intérêt d'une saison pour eux, c'est d'être nourri et logé" explique le directeur du club de vacances Les Alpes d'Azur du groupe Vacances bleues.
"On va finir par y arriver. Mais ils nous manque encore des postes notamment dans la partie ménage, réception et cuisine" constate Christophe Carne.
L'hôtellerie-restauration à la peine
Le recrutement de saisonniers est d'autant plus difficile sur les emplois liés à l'hôtellerie-restauration.
"On a 5% de retard sur les embauches en moyenne. D'autres ont plus (...) sur l'hôtellerie-restauration par exemple" explique Alexandre Maulin, président de Domaines Skiables de France, invité de BFM Business la semaine dernière. Ce dernier n'est pourtant pas inquiet pour la saison à venir et estime que "l'offre et la demande vont se croiser".
Des exceptions territoriales
Le recrutement semble pour l'heure compliqué sur l'ensemble des stations de ski du territoire. Néanmoins, certaines font figure d'exception, c'est le cas de Réallon.
Ainsi 95 à 98% du personnel de Réallon a répondu présent pour les promesses d'embauches. Malgré le contexte sanitaire, "on n'est pas en grande difficulté" pour le moment, résumait le 8 novembre le directeur du domaine skiable sur BFM DICI. Néanmoins, la commune est moins soumise aux contraites liées à l'accueil de saisonniers, grâce à la présence d'acteurs "locaux, attachés à leur territoire".