Intempéries dans les Hautes-Alpes: la solidarité s'organise à Guillestre, frappée par les torrents de boue

Différentes enseignes de la commune souffrent encore ce lundi 4 décembre des conséquences des fortes pluies survenues trois jours plus tôt. Le magasin Intermarché, notamment, a subi d'importants dégâts.

À Guillestre, un ballet incessant se joue pendant que les flocons de neige se mêlent à la gadoue. Salariés, secours, bénévoles: les allées et venues s'enchaînent dans le magasin Intermarché de cette commune haut-alpine ce lundi 4 décembre.

Pelle à la main et bottes aux pieds, chacun s'efforce d'évacuer la boue qui s'est infiltrée. Julien, l'un des gérants, estime qu'elle a grimpé jusqu'à "60 cm".

"Notre première mission, ça a été de nettoyer les différents rayons, parce qu'il y avait de la boue partout dans l'Intermarché", pointe un sapeur-pompier sur le pont toute la matinée au micro de BFM DICI.

"C'est dévasté"

L'enseigne est l'une des principales victimes des intempéries survenues en fin de semaine dernière dans le département, et plus précisément dans le Guillestrois.

"C'est dévasté", souffle Julien, bonnet vissé sur la tête pour se protéger de la neige, au micro de BFM DICI. (...) "Il y a beaucoup de choses qui partent à la benne. Il y a un petit peu pour le Secours populaire, ce qu'on a réussi à sauver."

Fatima, une salariée, assiste à ce triste spectacle les yeux embués. "J'ai perdu une partie de moi-même en fait", sanglote la presque sexagénaire. "Parce que c'était un peu chez moi, ma deuxième maison, un lieu de travail."

Les bénévoles remerciés

Chez Magalie, la patronne de cet Intermarché, l'émotion se fait aussi ressentir. "Aujourd'hui, c'est quelque chose qui est difficile", relate l'intéressé.

Pour autant, "l'élan de solidarité" à l'œuvre a permis de "déblayer plus de la moitié du magasin", souligne-t-elle: "C'est énorme".

La patronne de l'enseigne semble même touchée par les réactions suscitées par le sinistre. "Je dis merci à tous les gens qui sont venus. Aux sapeurs-pompiers, au personnel, aux bénévoles. Et un grand, grand merci à la mairie."

Impossible pour elle néanmoins de chiffrer les pertes pour le moment. "Toute notre partie informatique est HS aujourd'hui. On n'a aucun moyen sans électricité. (...) Notre principale préoccupation, c'est de retirer toute cette gadoue avant qu'elle ne sèche."

Une boulangerie sous les eaux

Gérant de la boulangerie le Point chaud 05, Denis affronte les mêmes difficultés. Il s'attelait encore dans la matinée à évacuer l'eau du sol.

Vendredi 1er décembre, il était aux premières loges lorsque les intempéries se sont abattues sur le Guillestrois. "J'ai vu un torrent de boue arriver sur moi. J'ai réussi à fermer la porte manuellement et je me suis mis derrière -parce qu'il y avait tellement de force et de pression- pour ne pas qu'elle cède."

Selon ses estimations, "il faudra bien quinze jours-trois semaines pour tout remettre en état".

Un recensement des dégâts en cours

Christine Portevin, maire de Guillestre, n'y va pas par quatre chemins. "La priorité, c'est qu'on soit reconnu catastrophe naturelle dans les communes qui ont eu des dégâts" pour aider financièrement particuliers comme entreprises.

Du côté d'Eygliers, où la chaussée de la RN94 a été dégradée par les fortes pluies, on porte le même message. "Les dégâts, on les recense petit à petit. Il y en a beaucoup plus que ce qu'on aurait pu penser: des infiltrations d'eau dans les caves, des récoltes détruites, des champs qui ont été dévastés", constate Anne Chouvet, édile de la commune.

Selon Maxime Leconte, directeur de cabinet du préfet des Hautes-Alpes, les premières démarches de recensement ont été engagées. Des réunions sont d'ores et déjà planifiées cette semaine pour "tenter le plus rapidement possible d'obtenir cet état de catastrophe naturelle et accompagner demain, aussi, sur la question de l'indemnisation".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions