"Il faut changer": un collectif féministe appelle à renommer la rue Abbé-Pierre à Manosque

En France, 150 voix ou lieux-dits portent le nom de l'Abbé Pierre selon l'AFP. Un nombr qui diminue, notamment dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Barcelonnette, où le square portant le nom de l'homme d'église a été débaptisé lundi 14 octobre lors du conseil municipal.
Mais à Manosque, la petite rue qui porte le nom de celui accusé de plusieurs agressions sexuelles demeure, au grand dam du collectif féministe des Alpes-de-Haute-Provence "8 mars toute l'année" qui a demandé à ce que la rue soit renommée.
"Même une petite rue, il faut changer"
Si le sujet a été abordé lors du dernier conseil municipal, le maire Camille Galtier reste sur ses positions. Il explique partager l'émotion collective suscitée par les révélations au sujet de l'Abbé Pierre mais attend la décision de la justice pour décider ou non de renommer cette rue.
"Je tiens à rappeler mon attachement à l'état de droit, qui doit prévaloir tant que la justice n’a pas statué. Si la responsabilité venait à être reconnue par la justice, la commission d’attribution des noms de rues serait alors amenée à déterminer un nouveau nom pour la rue en question", explique Camille Galtier.
Pour le collectif féministe, qui a adressé un courrier au maire de Manosque le 7 octobre, il n'y a pas de raison d'attendre.
"Nous ne sommes pas la justice et ici, il s'agit d'une action symbolique qui est de changer le nom d'une rue de Manosque. Il y a plus de 24 plaintes qui accablent l'Abbé Pierre mais souvent, on attend la justice quand ça arrange mais les victimes, elles auront quelle justice?" dénonce Laura Suppi, membre du collectif, au micro de BFM DICI.
Avant d'ajouter: "Pour la plupart des faits, il y a prescription. (...) À travers cet acte, on peut participer et dire, ces témoignages existent et vous avez au moins droit à cette réparation. Qu'on enlève le nom de votre agresseur des noms de rue. On peut modifier un nom de rue, mais ça ne veut pas dire renier l'héritage de l'Abbé Pierre concernant les bonnes œuvres pour les sans-abris."
Accusé par une vingtaine de femmes
Dans les rues de la cité de Giono, la question de renommer ou pas la rue de l'Abbé-Pierre partage les habitant. "Je suis pour l'enlever car ça n'a plus rien à voir avec le nom de l'Abbé Pierre qu'on connaissait", explique Barbara à BFM DICI. Un avis partagé par Solange: "Même une petite rue, il faut changer."
En revanche pour Henri, la décision mérite réflexion: "Il faut voir que l'homme a ses défauts mais aussi ses qualités et l'Abbé Pierre a fait pas mal de choses quand même."
L'Abbé Pierre est accusé par plus de 20 femmes de violences sexuelles, des années 1950 aux années 2000, d'après des rapports d'Emmaüs et de la fondation Abbé Pierre. Les personnes qui ont témoigné sont ou ont été bénévoles d’Emmaüs, salariées de lieux dans lesquels a séjourné l’Abbé Pierre, membres de familles proches du prêtre ou encore des personnes rencontrées lors d’événements publics.