Hautes-Alpes: le commissaire de Gap Frédéric Pech muté dans l'Essonne

Entrée d'un commissariat de police. (Photo d'illustration) - Jacques Demarthon
Il s’en va et il est plutôt heureux de quitter le commissariat de Gap. Frédéric Pech, le directeur départemental de la sécurité publique des Hautes-Alpes est muté à Juvisy-sur-Orge (Essonne), à compter du 4 septembre prochain. Moins de deux ans après son arrivée, le commissaire de Gap s’apprête donc à relever un nouveau défi.
"Je deviens chef d’agglomération à Juvisy-sur-Orge. Un secteur qui regroupe 350 policiers pour 190.000 habitants. Un poste sympa, difficile et assez valorisant", résume le commissaire qui part "sans amertume, mais avec un pincement au cœur".
"Ma mission n'a pas été facile"
Il faut dire que durant ces deux années dans le département des Hautes-Alpes, le commissaire de Gap a dû affronter plusieurs tempêtes. À l’extérieur comme à l’intérieur du commissariat.
"Ma mission n’a pas été facile. Il y a dans les Hautes-Alpes peu de délinquance, mais aussi peu de moyens. Et les exigences ont parfois été très hautes à l’endroit de la police", admet Frédéric Pech.
Ses relations avec le maire de la ville, Roger Didier, n’ont jamais été idylliques même si elles se sont bien améliorées depuis le printemps. Celles qu’il a entretenu avec le procureur, Florent Crouhy, étaient cordiales, sans plus.
"Le procureur a appris sa demande de mutation par la bande, alors que normalement, quand un commissaire part, il doit prévenir le préfet et le procureur", souffle un cadre du tribunal de Gap.
Des relations tendues avec le préfet
Avec le préfet, les échanges ont aussi été difficiles et se sont même tendus ces derniers mois. "Clairement, Dominique Dufour voulait sa tête", tranche une autorité qui assistait à ces affrontements parfois musclés.
Jusqu’à cette altercation qui a éclaté début juillet entre Frédéric Pech et Nicolas Belle, le directeur de cabinet de la préfecture. Un échange vif et houleux s’est produit en pleine réunion hebdomadaire de sécurité devant l’ensemble des autorités du département des Hautes-Alpes.
Avant cela, l’épisode de la BAC avait déjà cristallisé les relations entre le DDSP et les services de l’État. Depuis le début du mois d'avril, la Brigade Anti-Criminalité (BAC) de Gap est mise en sommeil, faute de candidats. Une situation qui a suscité l’émoi d’une certaine partie de la population et de nombreux élus.
Depuis, Frédéric Pech travaille à la mise en place d’un Groupe de Sécurité et de Proximité (GSP), sans certitude qu’il soit formé avant son départ en septembre.
"Je n'ai aucun compte à régler"
S’il a dû batailler avec les "huiles" du territoire, le commissaire a aussi dû braver des tempêtes au sein de sa propre maison. Celle des effectifs, tout d’abord. Malgré les annonces dithyrambiques d’élus de premier plan sur les arrivées prochaines de renforts, la réalité est toute autre.
"On nous annonce huit arrivées à Gap. Un a déjà démissionné et l’autre a 57 ans, donc il ne vient pas pour casser la baraque. Ce qu’on oublie de dire, c’est qu’il y a six départs et que les anciens départs n’ont pas été remplacés. Le bilan est donc de zéro arrivée réelle", regrette un ancien flic qui a gardé ses antennes au sein du commissariat de Gap.
Autre tornade à maîtriser: les conflits internes. Le 17 janvier 2023, une importante opération anti-stupéfiants a été menée dans le quartier des Toulouzannes à Briançon. Neuf personnes avaient été placées en garde à vue. Trente policiers de Gap et Briançon avaient été mobilisés.
Un coup de force qui s’est finalement transformé en "pétard mouillé". La quantité de drogue retrouvée ne dépassait pas 1,5 kilos et de nombreuses nullités dans la procédure ont été relevées par les avocats des prévenus.
Depuis, les rapports entre Frédéric Pech et Alain Fernez, le commandant du commissariat de Briançon, sont exécrables, chacun se renvoyant la responsabilité de ce fiasco. "Sur dix mecs interpellés, quatre sont au trou", nuance Frédéric Pech.
"Le commissaire est quelqu’un de bien. Un mec qui privilégie l’humain quand il prend une décision et qui n’a pas pris la grosse tête malgré son avancée professionnelle", confie un flic qui a côtoyé quotidiennement le DDSP durant presque deux ans.
"J’ai créé des liens forts avec des policiers que j’ai côtoyés tous les jours. Franchement, je n’ai aucun compte à régler", conclut le commissaire de Gap.
Beaucoup de policiers s’accordent à dire que Frédéric Pech était humainement irréprochable. Mais les circonstances ont fait que son départ était devenu inéluctable pour retrouver un semblant de sérénité au sein de la police nationale des Hautes-Alpes.