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Gap: le Docteur Gilles Norotte exclu du Chicas

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Info BFM DICI. Le Centre national de gestion des praticiens hospitaliers a décidé d’écarter définitivement le chirurgien de l’hôpital. Une décision qui suscite l’incompréhension dans l’entourage du praticien.

C’est une nouvelle qui fait grand bruit au sein de l’hôpital de Gap. Selon nos informations, le Centre national de gestion des praticiens hospitaliers a décidé d’éloigner définitivement du Chicas le Docteur Gilles Norotte.

Le chirurgien orthopédique est visé par plusieurs enquêtes sanitaires et judiciaire en raison de son recours à la cimentoplastie discale sur de nombreux patients entre 2015 et 2017. Une technique, pratiquée à l’étranger, qui divise les professionnels de santé ainsi que les instances sanitaires en France.

Plusieurs patients, opérés par le Docteur Norotte, se sont regroupés dans un collectif afin de dénoncer le manque de transparence du chirurgien sur cette méthode qui consiste à injecter du ciment dans les disques vertébraux. Certains estiment aussi que la dégradation de leur état de santé a pour origine le recours à la cimentoplastie discale. Au moins cinq d’entre eux ont déjà porté plainte.

Trente ans de service

Le 1er février dernier, les autorités médicales ont décidé de suspendre le Docteur Gilles Norotte pour une durée de six mois. Le 25 juin, le chirurgien gapençais est passé en conseil disciplinaire au CNG. Et la décision est tombée: mutation pour faute. 

"C’est plus la procédure et l'approximation des papiers remplis, que certains patients apparentent à un manque de transparence, que le recours à la technique décriée qui est sanctionnée", affirme à BFM DICI une source proche du dossier. 

Après trente ans de service dans les hôpitaux de Gap et de Sisteron, Gilles Norotte est donc poussé vers la sortie et ne devrait, sauf retournement de situation, plus jamais remettre les pieds au Chicas, dans un service qu’il a façonné et développé.

"Sous le choc"

"C’est tout simplement incroyable. Personne ici ne comprend l’attitude du CNG depuis le départ de cette histoire. Se faire éjecter comme un malpropre après tout ce qu’il a donné… c’est aberrant", déplore un proche de Gilles Norotte, qui a longtemps travaillé à ses côtés.

"Nous sommes tous sous le choc. Perdre un si brillant élément. Se passer d’un tel professionnel. Franchement, je n’ai pas les mots…", réagit une autre membre, syndiquée, qui exerce au Chicas. 

"Le Docteur Norotte, comme beaucoup de chirurgiens, est un passionné. Passionné par son métier et par les gens qu'il soigne. Il a travaillé jour et nuit. Aujourd'hui, son retour ne poserait problème à personne. Ni à son équipe. Ni à ses patients qui sont nombreux à le réclamer. Cinq personnes portent plainte mais des centaines remercient Gilles Norotte. Si demain, il veut travailler à la clinique, il peut le faire. Le CNG a sanctionné, oui. Mais pas la bonne personne", complète un chirurgien.

Contacté par notre rédaction, ni l’ARS, ni le CNG, ni la direction du Chicas n'ont souhaité commenter cette décision.

Le cas Raouf Hammami reste à trancher

De son côté, Gilles Norotte déclare n’avoir été informé d'"aucune décision définitive actuellement", ce qui l’empêche de "s’exprimer". Et demande aussi "un peu de tranquillité pour l’instant". 

Prochaine étape pour le CNG: se prononcer sur la situation du Docteur Raouf Hammami. Le praticien est à l’origine de cette affaire. Il avait dénoncé le recours de son collègue à la cimentoplatie discale. Le praticien a été suspendu de ses fonctions jusqu’au début du mois de septembre.

Une mutation lui a été proposée à Nice ou Montpellier par le CNG. Mais Raouf Hammami, qui bénéficie du statut de lanceur d’alerte, a refusé ces mutations. Il a la ferme intention de rester à Gap. Pourtant, son retour avait déclenché une crise interne sans précédent au sein du personnel du Chicas, avec des arrêts maladie et des démissions en cascade. Aujourd'hui, de nombreuses personnes au sein de l’établissement réclament son éloignement définitif.

Valentin Doyen