Le chirurgien de Gap mis en cause par Alain Bernard va porter plainte contre l’athlète

INFO BFM DICI - Accusé par plusieurs patients d’avoir utilisé une méthode de chirurgie décriée, le Docteur Gilles Norotte a décidé de répliquer. Il porte plainte contre le nageur Alain Bernard, qui a récemment étrillé le chirurgien dans les médias.

Gilles Norotte porte plainte. Le chirurgien, accusé d’avoir appliqué une cimentoplastie discale à une centaine de patients entre 2015 et 2017 à l’hôpital de Gap, a décidé de porter plainte en diffamation contre Alain Bernard. Lui et son avocat le confirment à la rédaction de BFM DICI.

Le nageur, dont la maman vit à Châteauvieux (Hautes-Alpes), a récemment témoigné dans les médias pour décrier les méthodes de Gilles Norotte en poussant les patients victimes de douleurs récurrentes à se manifester. Sur une centaine de patients, plusieurs se sont en effet réunis dans un collectif pour dénoncer les dommages causés par la cimentoplastie discale et le manque de transparence du Docteur Norotte, qui n’aurait pas informé suffisamment ces patients.

Des séquelles lourdes

Parmi ces patients, Éliane Bernard, la mère du nageur qui, par le passé, a eu recours aux services de Gilles Norotte pour une opération du dos.

"Cela a engendré des séquelles lourdes. Des douleurs qui peuvent arriver jour et nuit, en position assise ou allongée", témoigne Alain Bernard, qui sera l’invité de BFM DICI ce jeudi à 17h15.

L’opération en question? C’est la cimentoplastie discale, qui consiste à injecter du ciment dans le disque intervertébral. Une méthode déjà utilisée en France mais fortement décriée, qui ne doit pas être confondue avec la cimentoplastie vertébrale, reconnue par la profession.

A cette heure, ce sont au moins six plaintes qui auraient été déposées contre le chirurgien. Le Parquet de Gap a ouvert une enquête.

"Deux choses me préoccupent. Savoir si la méthode utilisée est valide en France. Et savoir si tous les patients ont été suffisamment informés" déclare Florent Crouhy, le Procureur de la République de Gap.

"Je ne suis pas le Frankenstein des Hautes-Alpes"

De son côté, Gilles Norotte balaye les accusations. "Je ne suis pas le Frankestein des Hautes-Alpes. La méthode n’est pas illicite, ni illégale” témoignait Gilles Norotte sur DICI TV en octobre dernier.

"Contrairement à ce qui est indiqué dans la presse, notamment par Monsieur Bernard, Madame Bernard a bien été informée de la nature de l’opération de cimentoplastie discale, tout comme d’autres membres du collectif, assure Maître Alexis Chabert, avocat de Gilles Norotte, à BFM DICI. Cette technique n’est en rien illégale en France, comme l’a indiqué la SFCR (Société française de chirurgie rachidienne, NDLR) dans un courrier du 1er décembre 2020."

"Le docteur Norotte va donc déposer auprès de Monsieur le doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Gap une plainte pour diffamation contre monsieur Bernard et plusieurs directeurs de publication peu scrupuleux de présenter objectivement les faits de cette affaire", poursuit l'avocat.

Récemment, le Centre national de gestion des praticiens hospitaliers a décidé de suspendre le Docteur Gilles Norotte pour une durée d’au moins six mois. Le CNG qui se refuse à tout commentaire. "Le CNG ne souhaite pas communiquer d’informations puisqu’il s’agit d’une situation individuelle" précise Claire Demassieux, responsable du bureau communication.

Une technique "qui n'est pas autorisée à ce jour"

De son côté, l’Agence Régionale de Santé Provence-Alpes-Côte-d'Azur, a rapidement ouvert une enquête sur l’utilisation de la méthode décriée. Des conclusions que BFM DICI est en mesure de vous révéler.

"L’expertise demandée par l’ARS Paca aux professeurs Coudane et Auque conclue à une technique non conforme aux données de la science chirurgicale au moment des faits" écrit l'ARS à BFM DICI.  Une technique qui a été suspendue au CHICAS de Gap. Et l'ARS de préciser: "La cimentoplastie intervertébrale, qui consiste à injecter un ciment en dehors de la vertèbre fragilisée est une technique qui n’est pas autorisée à ce jour en France".

A l’origine de cette affaire, révélée en septembre 2020 par le Dauphiné Libéré, le Docteur Raouf Hammami, alors chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique de l’hôpital de Gap, qui a dénoncé début 2018 le recours à la cimentoplastie discale par le Docteur Norotte.

Valentin Doyen