Budget des Hautes-Alpes: un déséquilibre en 2024, mais des finances solides pour les investissements futurs

Malgré une inflation maîtrisée, l'état de l'économie nationale touche le département des Hautes-Alpes qui souhaite prendre en compte la nouvelle conjoncture sans céder au pessimisme. L'augmentation des dépenses et la diminution des recettes inquiètent les élus du département.
Pour le président du conseil départemental Jean-Marie Bernard, le constat est clair: il s'agit d'un "décrochage". La hausse significative des dépenses de fonctionnement et les nombreux investissements en 2024 (+70 millions d'euros) ont conduit à un réel déséquilibre entre les recettes et les dépenses du département.
Point positif: la capacité de désendettement a augmenté, passant de quatre ans à un an entre 2019 et 2023 contre 4,2 ans pour la moyenne nationale en 2023. Le résultat d'une gestion rigoureuse des finances selon les élus.
Une forte diminution des recettes
Sans compter le poids de "l'aide au déficit de l'État", un nouvel effort de 4,6 millions d'euros demandé au département des Hautes-Alpes en 2024, il faudra aussi tenir compte de la prévision d'une baisse radicale des recettes. Les principaux postes de baisse à venir étant les suivants: la baisse du taux du fonds de compensation pour la TVA (un prélèvement sur les recettes de l'état à destination des collectivités territoriales), la fin des recettes de TVA sur le fonctionnement, la baisse du fonds de compensation DMTO dû au ralentissement du marché de l'immobilier (une part des frais de notaire à l'achat d'un bien immobilier).
Conséquence: -11,24 millions (-4,64%) d'euros de recettes réelles de fonctionnement pour l'exercice 2024 contre -0,8 million au niveau national (-1,1%). La diminution des recettes est vertigineuse.
"Cette hausse des dépenses qui se conjugue désormais avec une baisse annoncée des recettes l'année prochaine nous impose de rester vigilants et rigoureux dans la gestion et de savoir compter", estime Patrick Ricou, le premier adjoint en charges des finances.
Une baisse des recettes estimée à 20 millions d'euros supplémentaires en 2025 de l'aveu même du président Jean- Marie Bernard.
Des dépenses qui augmentent
Les dépenses sociales représentent la hausse la plus importante avec +9,39 millions d'euros d'augmentation en 2024. Les charges de personnel sont aussi concernées comme les subventions exceptionnelles aux stations de ski.
Au total, le conseil départemental a dû gonfler son enveloppe globale de 21,3 millions d'euros cette année. Conséquence: un plan de maîtrise est en cours d'élaboration pour l'année 2025 afin de mettre en œuvre une diminution des dépenses de fonctionnement.
"Le contexte financier national est inconfortable, mais notre bonne gestion nous permet d'aborder la période à venir avec une relative sérénité", explique Patrick Ricou, Premier vice-président en charge des finances au sein du conseil départemental des Hautes-Alpes.
Le maire d'Orcières souhaite voir les ambitions du conseil départemental maintenues dans ses grands champs d'orientation comme une politique d'investissement ambitieuse autour des infrastructures et équipements (évoquant entre autres la transformation du collège de Laragne-Montéglin, internat d'excellence à Guillestre, collège de Veynes, maison pluridisciplinaire de Guillestre, travaux de sécurisation sur la D 1091, RD 1075 autour de Serres, carrefour de Notre-Dame du Laus, les mobilités alternatives).
Maintenir une épargne brute supérieure à 33 millions d'euros et une capacité de remboursement inférieure à six ans, voilà les limites fixées, conditions de l'équilibre et de la crédibilité financière.
Les Hautes-Alpes sont en tête du classement des départements en termes d'épargne brute: 236,48 euros/habitant en 2024. Question investissement, même constat: avec 519,7 d'euros par habitant, le département des Hautes-Alpes peut aussi se féliciter. Une bonne gestion qui a permis de ne pas emprunter pour la deuxième année consécutive.
Des coupes budgétaires en 2025?
Les questions qui se posent aujourd'hui: jusqu'à quand cette bonne gestion départementale peut-elle permettre d'amortir les coûts de la nouvelle conjoncture climatique et économique nationale et internationale et quels seront les premières coupes budgétaires du département des Hautes-Alpes en cas de difficulté?
À cette question, le président "Les Républicains" Jean-Marie Bernard reste évasif: "On fera des choix en termes de fonctionnement, mais les capacités du département sont aptes à répondre à notre besoin d'investissement pour 2025 et 2026 (...) si on doit diminuer notre niveau d'investissement on reportera les projets".
Jean-Marie Bernard qui se veut aussi rassurant concernant les investissements en vue des Jeux olympiques d'hiver de 2030: "La loi olympique qui va venir se greffer au budget de l'État est une bonne nouvelle pour nous, car ça nous permettra probablement une intervention financière de l'État et de la Région pour réaliser nos projets plus rapidement".
Une autre élue pour conclure: "Il faudra attendre la loi de finance pour prendre les décisions qui s'imposent".