Alpes-de-Haute-Provence: la 2e édition du festival "Les Foisonnantes" inquiète à Sisteron

Affiche du festival "Les Foisonnantes" prévu les 12 et 13 octobre prochains à Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) - Festival Les Foisonnantes
Sa programmation était, jusqu'à présent, plutôt discrète. La deuxième édition du festival "Les Foisonnantes" doit se tenir d'ici un mois dans la commune de Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), les 12 et 13 octobre prochains.
Conférences, tables rondes, ateliers ou encore concerts sont annoncés dans quatre lieux différents, situés tout autour de la salle de l'Alcazar. Deux journées durant lesquelles le thème de la jeunesse sera évoqué "du point de vue scientifique, philosophique ou spirituel" peut-on lire sur le site de l'association.
"On essaye d'alerter l'opinion publique"
Médecins, scientifiques ou encore chercheurs... 17 conférenciers sont attendus lors de ce festival. Des intervenants aux profils décrits comme "controversés" qui inquiètent, en particulier le collectif "Action Anti Fouchiste". Contacté, il dénonce le regroupement de "membres issus du groupe Réinfo Covid".
"Nous suivons ses membres depuis le début de la crise sanitaire. On s'est inquiétés immédiatement, lorsque l'on a entendu parler de l'événement. Leur discours, sur fond idéologique réactionnaire, a pris de l'ampleur dans beaucoup de domaines. Plusieurs dirigeants seront présents sur place à Sisteron comme Marie Grenet et Fabien Moine", explique Christophe, l'un des membres du collectif AAF.
Il ajoute: "On essaye d'alerter l'opinion publique. Notre but est de prévenir et d'apporter une analyse sur ce qu'il se passe. [...] Ils ciblent des personnes vulnérables, ils ciblent les enfants. Ce sont pour certains des charlatans, des sectaires. Ils rejettent la modernité. Leur discours est consensuel, évidemment complotiste et sur fond antisémite même s'ils n'auront pas les mêmes propos en public. Cela va se faire par de petites pointes".
Parmi les intervenants pointés du doigt, Philippe Guillemant qui serait un proche de Pierre Barnérias, réalisateur du film conspirationniste sur le Covid "Hold Up". Philippe Guillemant qui est également récemment intervenu dans le documentaire "l'Empreinte", qui apparaît comme une suite de "Hold Up".
Dans cette nouvelle édition des "Foisonnantes", on retrouve aussi Fabien Moine, un naturopathe connu pour ses propos "antivax". En 2022, il a réalisé le film "Suspendus... Des soignants entre deux monde", considéré par certains comme étant "antivax et complotiste". L'auteure Valérie Bugault aurait, quant à elle, était "proche de Civitas", un mouvement politique d'extrême-droite.
Autre venue, qui fait aussi beaucoup réagir, celle d'Étienne Chouard. Ancien professeur, il a été l'une des figures prisées par les gilets jaunes après avoir fortement milité pour la création d'un référendum d'initiative citoyenne. Certaines "dérives antisémites" lui seraient également attribuées.
"On est totalement en dehors de la politisation des débats"
L'association "Les Foisonnantes" explique, au travers de son événement, vouloir créer du lien et non la polémique.
"On est totalement en dehors de la politisation des débats. Aujourd'hui, on veut rassurer le public et être le plus transparent possible. Ce qui est important pour nous ce n'est pas le messager, mais bien le message. Le festival a été créé pour redonner des outils de compréhension, pour élargir les débats et les consciences sans aucune discrimination ou censure de paroles", détaille à BFM DICI, l'une des membres de l'organisation du festival.
Elle précise: "La parole des intervenants est libre et elle leur appartient. Nous sensibilisons les personnes au fait qu'il est important de se forger des idées en autonomie. Nous n'acceptons aucune dérive sectaire ou propos offensants. Nous n'avons aucune affinité avec des personnes qui affichent ouvertement leur appartenance avec des courants extrémistes de droite comme de gauche".
La deuxième édition des "Foisonnantes" prendra donc place dans quelques semaines au pied de la Citadelle de Sisteron, après une première édition déjà sur fond de polémique aux Mées en 2023.
"Une association comme les autres"
De son côté, la municipalité de Sisteron a tenu a clarifié sa position. Le maire Daniel Spagnou s'est exprimé par voie de communiqué. "Domiciliée dans la commune depuis mars 2024, l’association "Les Foisonnantes", dûment enregistrée en préfecture, est une association comme les autres et peut donc organiser des événements à condition, naturellement, que ces derniers ne troublent pas l’ordre public", écrit-il.
Il poursuit: "Les rencontres, ouvertes au public et prévues en octobre, dans différents lieux du centre-ville de Sisteron, ont fait l’objet de demandes de locations de salles et d’occupation du domaine public en bonne et due forme. Ces demandes ont été visées au préalable par mes soins et sont aujourd’hui validées. À ce jour, rien ne s’oppose donc côté mairie à l’organisation de ces rencontres les 12 et 13 octobre prochains à Sisteron".
En 2023, la première édition du festival a, selon l'association "Les Foisonnantes", enregistrée plus de 3.000 entrées.