Alpes-de-Haute-Provence: l'emblématique boutique Lou Roucas, à Castellane, célèbre son centenaire

Lorsque l'on arrive dans la commune de Castellane, par la route Napoléon en direction de Nice, la boutique ne passe pas inaperçue. Plus vieille enseigne de la commune des Alpes-de-Haute-Provence, la boutique Lou Roucas, ouverte depuis le mois de mars 1924, fête cette année ses 100 ans.
Lou Roucas est la plus ancienne boutique du village sud alpin. Depuis 40 ans, sa gérante Joëlle d'Alessandri mène la barque de son commerce après l'avoir racheté à ses arrières-grandes-tantes. À l'époque, elles s'étaient emparées des murs de l'établissement, appartenant autrefois à un bourrelier, et l'avaient appelé "les Nouvelles galeries".
"Elles ne voulaient pas que les nouvelles galeries créées à Paris viennent s'installer dans le sud", confie Joëlle D'Alessandri. Elles ont ensuite opté pour un autre nom: "Tout pour le touriste".
"Joëlle est une vraie commerçante"
C'est en 1984, lorsque Joëlle a racheté l'échoppe qu'elle a opté pour l'appellation actuelle de Lou Roucas, le terme "Roucas" faisant ainsi allusion à l'imposant roc de Castellane.
Au cours de son histoire, ce magasin a tout vu et a presque tout vendu: des souvenirs, de la mercerie, des vêtements tricotés, de l'essence de lavande, des bonbons au miel, ou encore des photos développées. Aujourd'hui, la gérante a même dédié un coin de son commerce à la vente de jouets pour enfants, son magasin étant ainsi le seul endroit du village où l'on peut s'en procurer.
La célébration du centenaire de la boutique est l'occasion pour le maire de Castellane de glorifier un magasin "qui compte" pour la commune.
"C'est une boutique ouverte toute l'année ici, tenue par des natifs de Castellane, transmise de génération en génération. Joëlle est une vraie commerçante: il faut avoir beaucoup d'empathie avec la clientèle, être constant dans ses produits, dans son service. Je crois que Joëlle résume un peu, à elle seule, toutes ces qualités que je viens de vous citer", s'étend Bernard Liperini.
"Ma deuxième maison"
De son côté, Joëlle ne se retient pas lorsqu'il s'agit de se remémorer sa vie passée dans la boutique. Elle se souvient par exemple avoir travaillé dans le magasin dès l'âge de 15 ans "pour se faire de l'argent" quand elle était au lycée.
"Ça a toujours été une passion. Je m'y trouve très bien. Je me prépare chez moi et après je me dis, bon allez il faut que j'aille au magasin. Même si je n'ai personne, c'est un passe-temps. On ne peut pas dire que j'y suis née, mais presque. C'est ma deuxième maison", développe-t-elle avec fierté.
Les touristes, eux, y trouvent leur compte. C'est par exemple le cas de Fabrice, déjà coutumier des passages à Castellane, mais qui s'est récemment arrêté pour la première fois chez Lou Roucas. "On cherchait des petits cadeaux pour Noël. On a pris des couteaux pour les ramasseurs de champignon, une tasse et des chaussettes pour une frileuse. On voit que les produits sont de qualité", relate ce Niçois d'origine.
L'une des forces de Joëlle et de son commerce réside dans le fait qu'elle travaille avec beaucoup de producteurs locaux. Si la commerçante est officiellement à la retraite depuis un an et malgré les appels de ses enfants lui incombant d'arrêter son activité, la sexagénaire refuse catégoriquement de céder.
"Je vais m'embêter si j'arrête. Si un jour je veux partir me promener, je ferme et je pars me promener", résume-t-elle avec simplicité. Par la suite, les enfants de Joëlle ne devraient pas être les futurs repreneurs du magasin. Peut-être toutefois que quelqu'un d'autre dans la famille se lancera, un jour ou l'autre, dans l'aventure.