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Castellane: le bassin de grossissement doit se mettre aux normes, vers la fin des truites dans le Verdon?

Le Verdon à Castellane (Alpes-de-Haute-Provence), en août 2024.

Le Verdon à Castellane (Alpes-de-Haute-Provence), en août 2024. - BFM DICI

Le bassin de grossissement de Castellane doit se mettre aux normes s'il veut continuer de poursuivre son activité mais cela semble difficile faute de moyens financiers suffisants. Les truites pourraient donc disparaître du Verdon.

À Castellane, il y a des remous dans le Verdon, ou plus précisément dans le bassin de grossissement des truites fario, qui alimente depuis 32 ans la rivière en poisson. L'association SOS Gorges du Verdon, qui œuvre pour la protection des milieux aquatiques et la promotion de la pêche de loisir, a alerté le parc régional du Verdon sur la non-conformité de la structure géré par des bénévoles.

"Nous ne désirons pas que le bassin ferme mais qu'il se mette aux normes. Et qu'il puisse avoir les arrêtés de production pour qu'il devienne un lieu convivial pour les bénévoles et les pêcheurs", explique Frédéric Huot, président de l'association SOS Gorges du Verdon à BFM DICI.

Il a lui-même aidé bénévolement au bassin de grossissement. "En fait, comme il n'y a aucun cadre légal, on ne sait pas s'il y a un impact sur le milieu", continue-t-il.

644 cartes vendues

Chaque année, grâce à ce bassin de grossissement, ce sont entre 10.000 et 12.000 truites fario qui sont relâchées dans le Verdon. Elles alimentent l'attrait de la rivière pour la pratique de la pêche, un sport qui attire bien au-delà du département.

En 2023, sur la seule société de pêche de Castellane, 644 cartes ont été vendues représentant 18% de pêcheurs locaux, 70% de pêcheurs français d'autres départements et 12% de pêcheurs étrangers.

Une activité qui est donc bénéfique à l'économie locale, surtout qu'elle démarre après la saison touristique. Mais si la société de pêche n'est pas contre se mettre aux normes, elle ne le pourra tout simplement pas d'un point de vue financier, comme l'explique René Azzi, président de la gaule castellanaise.

"Si on n'alimente pas le Verdon avec des truites fario, ça va devenir une très jolie rivière mais sans poissons. Maintenant, la majorité des pêcheurs lorsqu'ils prennent une carte de pêche, ils veulent avoir du poisson. Et les truites fario sont moins grégaires que celles déjà présentes, c'est ce que les pêcheurs vont attraper et ça donnera satisfaction", explique-t-il.

20.000 euros minimums

"Le fait de lâcher des poissons, ça contre l'impact négatif des barrages sur la présence des truites qui existaient avant. Et avec les passages des gens, que ce soit à pied ou en sport d'eau vive, ça détruit en partie la nourriture présente pour les invertébrés donc on est obligé de les aider", continue le président de l'association de pêche.

"Mais si on veut avoir l'habilitation légale, il faut commencer par faire une étude sur les bassins et ça coûte 20.000 euros minimum. Ensuite, il faudra faire les modifications et je peux vous dire qu'on n'a pas les moyens. En tant que petite association, on n'aura pas les subventions" soupire-t-il. 

L'association de pêche est très pessimiste sur la poursuite de l'activité du bassin de grossissement. Il devrait donc connaître dans les prochains mois, ses derniers lâchers de truites dans le Verdon.

Laurie Charrié