Manosque: les agriculteurs se mobilisent devant le centre des finances publiques

Du fumier, des courges, ou encore des patates ont été déposés devant le centre des finances publiques de Manosque. - BFM DICI
Ils disent ne plus en pouvoir de la "paperasse" administrative. Les agriculteurs se sont rassemblés ce mardi 26 novembre au matin devant le centre des finances publiques de Manosque.
Sur place dès 6h30, ils ont déposé du fumier, des courges ou encore des patates devant le bâtiment. Une action qui vise à dénoncer la "pression administrative" qu'ils ressentent.
Des "entraves administratives"
"L'objectif aujourd'hui, c'est de parler de ces entraves administratives, c'est pour ça qu'on est là. Pour pouvoir mettre en avant ce ras-le-bol. La simplification administrative, cela ne coûte rien à l'Etat, c'est juste une volonté politique", estime le président de la FDSEA des Alpes-de-Haute-Provence, Laurent Depieds.
Et d'ajouter: "on veut qu'ils mettent en pratique ce qu'ils nous promettent depuis maintenant plus d'un an. Et que ce ne soit pas de la communication, qu'on le touche directement dans les corps de nos fermes."
Une vingtaine d'agriculteurs se sont donc levés tôt pour se mobiliser pour la première fois devant le centre des finances publiques de Manosque. Et ce n'est peut-être pas la dernière mobilisation. Le président de la FDSEA des Alpes-de-Haute-Provence souhaite toujours continuer à mettre la pression tout en gardant le soutien de la population.
Les actions coups de poing se succèdent ainsi dans les Alpes du Sud, avec une durée plus courte que l'année précédente mais avec une manière, qu'il espère, aura plus d'impact.
"On a des papiers pour tout maintenant"
"Tout ce carcan administratif fait que tous les jours, on a de la peine à faire notre travail, c'est-à-dire produire des légumes pour nourrir notre pays et avec la meilleure qualité possible", déplore Eric Chaillol, agriculteur à Reillanne.
Des papiers qui leur prennent pour certains, la plupart de leur temps: "On a des papiers pour tout maintenant. On veut faire un petit trou par terre, il faut un papier, on veut épandre de l'engrais, il faut un petit papier... Ça frise le ridicule" déplore Eric. "Si je devais respecter la réglementation bureaucratique, il faudrait que je prenne quelqu'un à temps plein pour mon domaine" .
Pour le producteur de courges, de céréales et de lavandin depuis plusieurs générations, "une exploitation se transmet de père en fils, on ne va pas faire n'importe quoi. Nous, c'est de génération en génération, quand on fait les choses, en général, c'est pour la génération d'après".
De nouvelles actions prévues
Jean-Guillaume d'Herbès est lui vigneron au Château St-Jean situé à Manosque, une propriété viticole familiale depuis neuf générations. Il passe maintenant le plus clair de son temps au bureau, une situation qu'il regrette.
"Si ce n'était que des règles à appliquer je l'accepterai, mais ce sont deux à trois jours par semaine pour remplir les dossiers, répondre à l'administration. On est face à des bureaucrates, à des petits fonctionnaires velléitaires, agressifs, qui ont à l'esprit que nous sommes des fraudeurs en puissance, c'est totalement insupportable. Leur but est d'essayer de nous coincer dès qu'ils peuvent", s'insurge-t-il.
"Le système agricole actuel est d'appauvrir les campagnes, on a limité les revenus, alors on compense par des subventions. Mais derrière, on ne vous les donne pas en trouvant de bonnes excuses", poursuit-il.
Dans les prochains jours, les agriculteurs des Alpes-de-Haute-Provence prévoient de continuer les actions coups de poing jusqu'à ce qu'ils puissent obtenir une réponse concrète de la part de l'État.