Agenda allégé, rendez-vous annulés: les absences du maire de Gap interrogent

Roger Didier a peu été en vue publiquement ces dernières semaines et s'est notamment peu impliqué dans la campagne pour les régionales, alors qu'il figure sur la liste de Renaud Muselier. Son entourage assure qu'il est "fatigué" et qu'il "se repose".

C’est une absence remarquée et qui suscite de nombreuses interrogations. Roger Didier, maire de Gap et Président de la Communauté d’Agglomération Gap-Tallard-Durance, n’a pas assisté au Conseil communautaire jeudi soir. Le maire avait jusqu'ici toujours répondu présent à ce rendez-vous important pour la vie démocratique gapençaise. Remplacé au dernier moment par son premier vice-Président, Christian Hubaud, Roger Didier s’est donc "fait excuser".

Une absence qui tombe mal, puisque l’intersyndicale CGT-FSU avait des choses à dire au président. Le personnel de la ville de Gap regrette en effet "le manque de dialogue et de considérations de l’équipe en place". "Faire des économies, d’accord. Mais le personnel n’a pas à être la variable d’ajustement", a déclaré Stéphane Charabot, délégué syndical CGT à la ville de Gap, à BFM DICI.

Remplacements qui se font attendre, réduction de la masse salariale, licenciements et arrêts en pagaille... la situation se tend entre Roger Didier et les syndicats, qui envisagent une grève illimitée si l’édile n’entame pas de négociations pour "améliorer les conditions de travail du personnel". "Le problème, c’est que le maire s’est passé de cadres compétents, qui n’ont pas été remplacés. C’est donc difficile d’avancer sans être entouré", souffle un proche de Roger Didier.

Peu impliqué dans la campagne

Ces dernières années, le maire s’est en effet passé des services d’Isabelle Riou, la Directrice générale des Services et de Gérard Bernerd, son directeur de cabinet, parti en retraite peu avant les élections municipales de 2020. On peut aussi citer le départ de Serge Moro, Directeur de cabinet adjoint, également en charge de la communication. Trois professionnels de l’ombre, chevilles ouvrières des nombreux succès politiques de Roger Didier.

La vie politique justement, le maire semble s’en éloigner depuis plusieurs semaines. Vice-président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et de nouveau candidat sur la liste de Renaud Muselier, Roger Didier a considérablement allégé sa campagne.

"Il n’a fait qu’un seul tractage avec Chantal Eyméoud. Pas de porte à porte, pas de réunions. Même pas un passage sur le marché pour tenter de convaincre. Cela ne lui ressemble pas. Surtout face à des sondages qui ne sont pas favorables", indique un proche de l’équipe de Renaud Muselier.

Des tracts distribués aux Cèdres

À l’heure où les sondages donnent le Rassemblement national en tête au premier et au second tour en région Paca, cette discrétion du maire de Gap interroge.

Idem pour les élections départementales. S’il soutient bien un binôme pour chacun des quatre cantons de Gap, le maire ne s’est quasiment pas impliqué dans cette campagne. Récemment, il a distribué des tracts aux Cèdres pour "aider" Lionel Para et Evelyne Colonna sur son canton historique de Charance.

Ajoutons à cela une absence remarquée à l’ouverture du nouveau parking de la Providence, ainsi qu’à une commission importante cette semaine. Et un agenda vidé pour la cruciale semaine prochaine d’entre-deux-tours avec, entre autres, l’annulation d’une Commission paritaire d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Des absences qui interrogent.

Affaibli par le Covid-19

"Il est fatigué. Il se repose", résume simplement son entourage, sans plus de précisions. Selon les informations de BFM DICI, Roger Didier a contracté le Covid-19 il y a quelques mois, ce qui l’a considérablement épuisé. "Il a par le passé eu des soucis de santé. C’est un homme comme les autres. Il a le droit d’être fatigué, non? C’est en tout cas lui le patron de la ville et de l’agglomération. Et ce n’est pas prêt de changer", s’agace un lieutenant de Roger Didier.

Aussi, les récentes tractations politiques n’ont pas arrangé la situation. Hésitations en vue d’une éventuelle candidature aux sénatoriales, doutes au moment de choisir entre les élections départementales et les régionales, risque de perdre son poste de vice-président en cas de défaite du camp de Renaud Muselier aux régionales, revers lors de ses multiples demandes d’effectifs de police supplémentaires pendant que le ministre de l’Intérieur répond aux attentes du maire de Briançon... les récentes semaines n’ont pas épargné Roger Didier, qui a donc "décidé de souffler". Pour s’occuper de lui et de ses affaires.

Joint à plusieurs reprises par téléphone, le principal intéressé n’a pour le moment pas souhaité réagir à nos sollicitations.

Valentin Doyen