"Je ne peux pas me substituer à l’État": la maire de Strasbourg déplore une situation qui " patine" au campement de l’Etoile

La situation reste au point mort. Sur la place de l'Etoile à Strasbourg, 200 personnes dorment encore sur le campement installé sous les fenêtres de la mairie. Parmi eux, 50 enfants vivent dans une grande précarité et vont devoir faire face à l'hiver.
"Cela se passe à Strasbourg, mais c'est bien la défaillance d'un système général en France, avec un projet du gouvernement de supprimer des places d'hébergement d'urgence", déplore Jeanne Barséghian, maire EELV de Strasbourg, au micro de BFM Alsace, ce vendredi matin.
Un gymnase complet tous les soirs
Installé depuis le mois de mai dernier, le campement abrite des migrants venus de Tchétchénie, de Macédoine ou de Roumanie. Avec plusieurs évacuations et des tentatives de relogement, la population du camp évolue chaque mois.
"J'ai dû ouvrir un gymnase au mois de septembre pour mettre ces personnes vulnérables à l'abri. Il y a 100 places disponibles et le gymnase est plein tous les soirs, mais ça n'empêche pas d'avoir beaucoup de personnes à la rue dans notre ville", explique la maire, Jeanne Barshegian.
Sur le camp, les conditions de vie sont extrêmement précaires: pas d'accès à l'eau, rats et problème d'hygiène. En juillet dernier, la Croix-Rouge s'était rendue sur place pour apporter de l'aide aux migrants et avait dressé un bilan inquiétant.
"Ils ont pu constater une situation très dégradée du point de vue de l'hygiène comme sur le plan sanitaire, avec la présence de nombreux enfants qui évoluent au milieu des rats", expliquait l'association dans un communiqué.
"Ça patine"
En septembre dernier, la mairie dénonçait une "situation inhumaine" qu'elle n'était pas habilitée à gérer. Peu de temps après et alors que la situation continuait de se dégrader sur le campement, Jeann Barseghian avait lancé un appel à l'aide auprès de la préfecture du Bas-Rhin. Mais depuis, "ça patine", regrette l'élue.
"Je ne peux pas me substituer à l'Etat, en tant que ville. Il y a encore des centaines de personnes à la rue (...). Je ne comprends pas que ces personnes soient encore à la rue", insiste la maire de Strasbourg.
Dix élus locaux, dont la maire de Strasbourg, ont récemment envoyé une lettre d'alerte à la Première ministre, Elisabeth Borne.
"Ces mises à la rue pures et simples sont intolérables", se sont insurgés les maires de Strasbourg, Rennes, Lyon, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Nancy, Rouen, Grenoble, Nantes et Villeurbanne, ainsi que le président de la métropole de Lyon.
Mais pour le moment, aucune solution de relogement n'a été proposée aux 200 migrants qui vivent sur le campement de la place de l'Etoile. Et avec l'inflation, la maire craint que la précarité "s'accentue".