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Toulon: après avoir survécu à 59 coups de couteau, elle doit payer le loyer de son ex-compagnon

Une start-up britannique permet aux propriétaires bailleurs de dénicher la perle rare

Une start-up britannique permet aux propriétaires bailleurs de dénicher la perle rare - Philippe Huguen - AFP

Le bailleur HLM réclame à cette mère de famille de 44 ans la somme de 32.000 euros. Elle a pourtant quitté l'appartement en mars 2018, neuf mois avant d'être agressée à l'arme blanche par son ancien compagnon.

De son propre aveu, Aurélie* est une "miraculée". Cette Toulonnaise de 44 ans a été victime de violences conjugales puis d'une tentative d'assassinat de la main de son ex-compagnon, matérialisée par 59 coups de couteau, sous les yeux de son fils, en décembre 2018.

Si ce dernier a écopé en septembre dernier d'une condamnation à 25 ans de prison - contre laquelle il a fait appel -, elle ne peut pas tourner la page. Le bailleur social de son ex-compagnon exige d'elle qu'elle paye ses loyers impayés depuis son placement en détention provisoire, rapporte France Bleu Provence.

32.000 euros: c'est la somme qui est réclamée à cette mère de trois enfants. On lui demande également de vider l'appartement, situé dans le quartier de la Sainte-Musse, et d'en rendre les clés. Elle a pourtant quitté les lieux en mars 2018, pour se protéger des coups de celui qui est alors son compagnon.

Les huissiers menacent de saisir ses affaires

Elle explique à nos confrères, document en main, avoir envoyé une lettre au bailleur HLM pour se désolidariser du contrat de logement le 29 mars 2018.

"Ce courrier est la première chose concrète de ma vie sans lui. J'ai ensuite eu des échanges par mail avec l'un des employés du bailleur qui confirme que tout est pris en compte."

Cependant, depuis l'arrestation de son ex-compagnon, Aurélie reçoit régulièrement la visite des huissiers. Des huissiers qui, raconte-t-elle, menacent de saisir ses affaires "et celles de ses enfants".

"Une épée de Damoclès"

Aurélie se sent "victime une seconde fois", vivant avec "une épée de Damoclès au-dessus de la tête". "Quand on est victime de violences, on ne devrait pas avoir autant de pression et de problématiques à gérer", soutient-elle.

Me Laurie Franchitto, son avocate, parle de "nouvelles violences psychologiques qui exacerbent la douleur et aggravent le syndrome de stress post-traumatique déjà très aigu chez (sa) cliente".

Une situation qui ulcère également Jeremy Bacchi, sénateur communiste des Bouches-du-Rhône. L'intéressé dénonce "un décalage abyssal entre les effets d'annonces et la réalité concernant les violences conjugales".

*Son prénom a été modifié

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions