"Ses balles ciblaient ma tête": Akif, blessé à la main lors de l'attentat raciste de Puget-sur-Argens, témoigne

Lorsqu'il se remémore la scène, Akif a encore le réflexe de lever ses mains pour se défendre. Le 31 mai dernier, à Puget-sur-Argens (Var), le jeune homme de 25 ans a été ciblé par des tirs de Christophe B., son voisin de 53 ans, qui a abattu Hichem Maraoui quelques instants plus tôt.
Akif, un ressortissant kurde, a seulement été blessé au niveau de la main en se protégeant. Il revient sur le déroulé des faits, au micro de BFMTV. Tout a commencé lorsqu'il a entendu plusieurs coups de feu. "En tirant le rideau, j'ai vu que trois balles avaient été tirées en direction de notre fenêtre", explique-t-il.
"Quand j'ai vu l'arme, j'ai crié 'non, non non!'"
Il se trouve alors avec Ibrahim, un autre jeune homme kurde. Accompagné de ce dernier, il sort de son domicile "avec des bâtons, pour se défendre". Ils aperçoivent alors Christophe B. dans son véhicule. "Je pense qu'il rechargeait son arme", imagine Akif.
"Il m'a vu, il a commencé à rouler vers moi en voiture. Il m'a coincé contre le mur, je lui ai demandé 'il y a un problème mon ami?' Quand j'ai vu l'arme, j'ai crié 'non, non non!'", poursuit-il.
À cet instant, Christophe B. appuie sur la gâchette. "Il a tiré à quatre reprises, sans rien dire", se rappelle Akif. Deux de ces tirs transpercent la main du jeune kurde. Celui-ci est seulement blessé et parvient à s'enfuir, malgré des tirs en sa direction.
"Je me suis défendu avec mes mains, si je n'avais pas eu mes mains, je ne serais pas là aujourd'hui. Ses balles ciblaient ma tête", assure-t-il.
Ibrahim a quant à lui réussi à se cacher dans un studio et a évité les tirs. Christophe B. prend de son côté la fuite à bord de son véhicule, avec plusieurs armes. Il sera finalement interpellé par le GIGN aux alentours de cinq heures du matin, alors qu'il présente un taux d'alcoolémie de 0,2 gramme par litre de sang.
Le parquet national antiterroriste saisi
Aujourd'hui, Akif se sent mieux "physiquement". Mais à peine cinq jours après les faits, le choc reste énorme. "Psychologiquement, je ne me sens pas bien du tout. Il suffit que j'entende le bruit d'une voiture et j'ai peur", affirme-t-il au micro de BFMTV.
"J'ai fui mon pays pour être en sécurité, aujourd'hui je suis en France et je fais face à du racisme, du fascisme", conclut-il.
À l'arrivée des secours sur les lieux du drame, Hichem Maraoui, Tunisien de 45 ans, avait quant à lui déjà succombé à ses blessures. D'après sa soeur, il était la cible de nombreuses insultes de son voisin Christophe B. depuis plusieurs semaines.
À l'Assemblée nationale mardi 3 juin, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a estimé que ce meurtre était "clairement un crime raciste (...) sans doute aussi antimusulman".
Le suspect a été placé en garde à vue pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste commise en raison de la race ou de la religion".
Le mis en cause a tenu des propos virulents dans deux vidéos de revendications qu'il a diffusées le samedi 31 mai sur les réseaux sociaux. Il indiquait dans une première, qu'il voulait tuer des personnes arabes. Le parquet national antiterroriste (PNAT) a décidé de se saisir de l'enquête.
Akif et Ibrahim souhaitent tous deux porter plainte. Le conseil démocratique kurde en France se constitue aussi partie civile à leurs côtés.