Présidentielle 2022: trois maires varois décident de leurs parrainages par un tirage au sort

Les édiles de Grimaud, La Garde-Freinet et Le Plan-de-la-Tour, ont procédé à un tirage au sort afin de définir quel candidat entre Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour et Marine Le Pen, chacun d'entre eux allait parrainer.

Un tirage au sort pour définir son parrainage à l'élection présidentielle. C'est l'initiative entreprise par trois maires du Var, Alain Benedetto maire de Grimaud, Laurent Giubergia, édile du Plan-de-la-Tour et Thomas Dombry, maire de La Garde-Freinet.

“Contribuer à limiter l’abstentionnisme”

Les trois élus ont organisé leur opération de tirage au sort à la mairie de Grimaud ce lundi. Chacun d'entre eux a pioché son choix au sein d'une urne dans laquelle trois noms étaient inscrits sur des bulletins: Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Eric Zemmour.

"Nous avons fait le choix de sélectionner les trois candidats qui sont au-dessus des 10 % d’intentions de vote sans juger de leur discours ou programme. Au départ nous ne voulions accorder aucun parrainage, mais nous nous sommes dit qu’il fallait donner ce choix aux électeurs et ainsi contribuer à limiter l’abstentionnisme", raconte à Var-Matin , l'un de ces élus.

Cette désignation a été faite à un peu plus de 10 jours de la date de clôture des parrainages, fixée le 4 mars. Pour pouvoir officiellement être candidat à l'élection présidentielle, chaque prétendant doit avoir recueilli 500 parrainages d'élus d'au moins 30 départements différents. Pour le moment, seules six personnes ont dépassé cette barre: Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Nathalie Arthaud, Fabien Roussel et Jean Lassalle.

Des candidats inquiets pour leurs parrainages

Parmi les candidats qui ne l'ont franchi et qui sont régulièrement au-dessus des 10% d'intentions de vote dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon n'a recueilli que 370 parrainages au dernier décompte du Conseil constitutionnel, soit quatre de plus que Marine Le Pen. Eric Zemmour compte lui, pour le moment 291 parrainages.

Ces derniers jours, ils ont fait part de leur inquiétude de ne pas pouvoir être présents au premier tour de l'élection en raison de cette règle. Dans une vidéo dévoilée ce lundi, Marine Le Pen avait lancé un appel aux maires afin de leur demander leur parrainage. La prétendante du Rassemblement National a d'ailleurs annoncé ce mardi suspendre sa campagne sur le terrain jusqu'à l'obtention de ses paraphes d'élus locaux. Eric Zemmour a lui affirmé ce dimanche sur Europe 1 qu'il était "très possible" qu'il n'obtienne pas ses parrainages.

Les maires varois Alain Benedetto, Laurent Giubergia et Thomas Dombry souhaitent adresser par leur initiative "un signal fort" à tous les élus de France, rappelant qu'un parrainage n'équivaut pas à un soutien. Les trois élus affirment d'ailleurs ne pas soutenir les candidats qu'ils ont tirés au sort.

"Jean-Luc Mélenchon ne correspond pas à mes convictions", souligne à nos confrères de Var-Matin, le maire de La Garde-Freinet que le sort a désigné parrain du député de la France Insoumise.

Alain Benedetto affirme de son côté, regretter que l'intégralité des noms des élus donnant leur parrainage soit désormais rendue publique. Il juge l'introduction de cette nouveauté "surprenante", car elle désinciterait certains maires de petites communes à parrainer par peur d'être "étiqueté".

Une démarche illégale?

Les élus disent vouloir s'inscrire dans la même démarche que le président (LR) de l'association des maires de France (AMF) David Lisnard. Celui qui est aussi maire de Cannes a annoncé ce dimanche parrainer Jean-Luc Mélenchon par “exigence démocratique".

L'initiative des maires pourrait toutefois être retoquée par le Conseil constitutionnel chargé de la validation des parrainages. Un autre élu varois, le maire de Sainte-Anastasie-sur-Issole, avait souhaité il y a quelques semaines, organiser une consultation citoyenne afin de savoir quel candidat il allait parrainer. Son projet n'avait toutefois pas abouti, la préfecture du Var ayant jugé la consultation illégale. "Le parrainage d'un candidat à l’élection présidentielle est un acte personnel et volontaire du maire, qu’il ne peut pas déléguer", avait-elle rappelé.

Alain Benedetto, Laurent Giubergia et Thomas Dombry estiment que la potentielle invalidation de leurs signatures serait "dommage", alors que les trois candidats qu'ils parrainent représentent 40% d'intentions de vote cumulées.

Gauthier Hartmann