"J'ai juste pris mon sac et mes chats": après les inondations, les Varois encore sidérés

Après plus de 24 heures de précipitations ininterrompues, les habitants du Var voient le bout. Certains ont tout perdu et ne peuvent toujours pas rejoindre leur habitation, ce dimanche 27 octobre.

La situation s'améliore petit à petit ce dimanche 27 octobre, dans le Var, après plus de 24 heures ininterrompues d'importantes précipitations ayant causé plusieurs inondations. "C'est que du matériel, mais les larmes ont coulées", témoigne Didier, sinistré de Vidauban.

Comme lui, de très nombreux Varois déplorent les dégâts de la montée des eaux dans leurs maisons. Dans un point de situation effectué peu après 7h30 ce dimanche matin, le préfet du Var dévoile qu'un total de 330 interventions se sont déroulées au cours de la nuit. Parmi ces opérations, 120 sauvetages ont été réalisés, dont 12 hélitreuillages.

"J'ai juste pris mon sac à main et mes chats"

"Cela fait vraiment peur, je ne sais pas quoi faire. C'est impressionnant", lâche dans un sourire Mimoun, cet habitant de Fréjus sommé d'évacuer, samedi soir, ou de se mettre en sécurité au premier étage de sa maison.

De son côté, Sonia, une riveraine de la commune, a dû partir en trombe de son appartement inondé. Plus d'une centaine de personnes ont dû être évacué et emmené vers deux centres de recueils mis en place par la ville de Fréjus.

"Tout est cassé. Les tables, les chaises, la télé est dans l'eau. Là, j'ai tout perdu, je n'ai plus rien. J'ai juste pris mon sac à main et mes chats", déplore-t-elle.

À trentre minutes de là, à Vidauban, 119 mm de pluie sont tombés en 1 heure. La mairie avait anticipé et ouvert un gymnase à disposition des habitants sinistrés dès le vendredi soir. Sur place, une permanence des élus, la présence de la Croix Blanche, des espaces pour dormir et se restaurer.

En seulement deux minutes, 10 litres d'eau au m2 se sont déversés sur la commune, provoquant l'inondation de nombreuses rues. "On s'est levé et on est allé voir, l'eau ruisselait de partout. (...) On a le terrain complètement sous l'eau", retrace de son côté Carole, habitante de Vidaubant, elle aussi touchée par les inondations et qui a été obligée de prendre sa voiture pour se garer plus loin dans la commune.

"Au rez-de-chaussée, il n'y a plus rien"

Du côté de Muy, Jordan, sinistré, constate l'évolution des inondations, année après année: "En 2010, on a eu un mètre, 1m50 d'eau dans la maison. Puis 2020, et désormais 2024 c'est reparti pour un tour."

À Montauroux, Marlène a déjà bien entamé le nettoyage. "On a pu intervenir dans la maison après la grosse crue. L'eau est montée jusqu'à plus d'1 mètre de haut, ça a dévasté tout l'intérieur, les voitures, on a perdu beaucoup de choses", explique-t-elle.

Et pour faire face à cette situation, l'entraide est de mise. "On va dire merci à la solidarité de tout le monde. La famille, les voisins, le Sdis 83, la sécurité civile parce qu'ils étaient très actifs pour pouvoir nous donner un coup de main et évacuer tout ce qu'il y avait à l'intérieur", sourit-elle. Et d'ajouter: "Au rez-de-chaussée, il n'y a plus rien."

Pour les professionnels, l'objectif était d'éviter de tout perdre. Un responsable d'hôtel à Roquebrune-sur-Argens avait installé tous ses clients à l'étage et monté un barrage de fortune. "On n'a pas d'autres solutions que de prendre ce qu'on a sur place. J'ai une petite pompe, j'ai des sacs et du linge. On gagne du temps en fait", déplorait-il avant la nuit de samedi à dimanche.

Une décrue lente

Le retour à la normale devrait tout de même se faire attendre, bien que les importantes précipitations soient terminées. "Une décrue lente est amorcée. Des orages donnant localement de fortes précipitations peuvent encore alimenter et limiter la décrue de l'Argens et provoquer des montées sur ses affluents déjà hauts", précise Vigicrues dans la matinée de ce dimanche.

À l'antenne de BFMTV, Jean-Louis Barbier, chargé de la gestion de cris à la mairie de Fréjus, confiait: "Les habitants ne vont pas regagner leurs habitations tout de suite. La situation s'est encore aggravée ce matin."

Et pour cause, une digue en amont de la commune s'est rompue, "l'eau a encore envahi la plaine de l'Argens, ce qui retarde le retour dans les campings et les habitations", poursuit-il. La vigilance orange crues est levée par Météo-France, ce dimanche après-midi.

Maïwenn Furic