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"Il a tenu sa promesse, il va rentrer en Tunisie mais dans un cercueil" : la douleur de la cousine d'Hichem, tué dans l'attentat de Puget-sur-Argens

Un portrait et un appel à une marche blanche en hommage au Tunisien Hichem Miraoui sur la devanture du salon de coiffure où il travaillait, le 3 juin 2025à Puget-sur-Argens, dans le Var)

Un portrait et un appel à une marche blanche en hommage au Tunisien Hichem Miraoui sur la devanture du salon de coiffure où il travaillait, le 3 juin 2025à Puget-sur-Argens, dans le Var) - Viken KANTARCI © 2019 AFP

Alors qu'il organisait une fête chez lui, Hichem Miraoui a été tué par balle, ce samedi 31 mai, par son voisin Christophe B qui a été mis en examen. Encore sous le choc, sa cousine a accepté de témoigner auprès de BFM Toulon Var.

Le samedi 31 mai, à Puget-sur-Argens, Christophe B., un riverain, est sorti de chez lui et a abattu par balles son voisin Hichem Miraoui, un ressortissant tunisien, avant de blesser un autre homme.

Encore bouleversée par l'assassinat de son cousin, Mouna a accepté de témoigner auprès de BFM Toulon Var et de raconter qui était Hichem Miraoui.

"Il était toujours de bonne humeur, c'était quelqu'un qui remettait du baume dans votre cœur si ça n'allait pas. Il travaillait pour acheter les médicaments de sa maman. Il était toujours là quand on avait besoin de lui", indique-t-elle.

"Aujourd'hui, on se sent perdu"

Depuis son arrivée dans la commune varoise, Hichem était coiffeur dans un salon devant lequel des bouquets de fleurs s'accumulent désormais depuis l'attentat.

"C'est quelqu'un dans notre famille qui était toujours à l'écoute. On savait que c'était Hichem qu'on devait appeler. Aujourd'hui, on se sent perdu, on se sent mal, on n'arrive pas à se dire que ce qui s'est passé est vrai. C'est inexplicable, c'est choquant", explique la cousine de la victime.

Peu avant sa mort, sa mère et ses sœurs avaient débuté un appel vidéo avec Hichem pour notamment évoquer la venue de la victime en Tunisie.

"Cela faisait 8 ans qu'il n'était pas rentré en Tunisie sa mère n'attendait que ça. Le jour du drame, quand elle parlait avec lui au téléphone elle lui disait 'je me languis que tu rentres parce que tu me manques'", confie, émue, Mouna.

Un retour au pays, que la famille du défunt attendait avec une grande impatience. Le jour de son décès, Hichem avait promis à sa mère de faire le nécessaire pour revenir auprès d'elle.

"Malheureusement il a tenu sa promesse, il va rentrer mais dans un cercueil", indique, bouleversée, Mouna.

Le rapatriement du corps en Tunisie est organisé en partie par l'ambassade de Tunisie. Il sera également facilité par la mise en place d'une cagnotte par les amis de la victime. "Le consulat de Tunisie s'occupe du transfert du corps. On les remercie, ils ont été très présents", souligne Mouna.

"Il subissait la haine de ce Monsieur"

Depuis quelque temps, des tensions existaient entre Christophe B. et Hichem. Un climat dont Mouna impute la responsabilité au suspect.

"Mon cousin n'avait rien fait. Il peut y avoir des conflits entre voisins, mais Hichem lui n'était pas en conflit, il subissait la haine de ce Monsieur. Il se disait 'bon je ne veux pas de problème, je vais déménager, mais en attendant de trouver un autre endroit pour vivre, je vais faire en sorte que ça se passe bien'", assure la cousine.

Pour apaiser les tensions, Hichem aurait même essayé de se rapprocher de Christophe B.

"Dernièrement, il avait cuisiné un couscous, il a tapé et il leur a donné. On ne sait pas si c'est sa femme ou lui qui l'a récupéré, mais ils l'ont pris, ils l'ont accepté", raconte Mouna, à BFM Toulon Var.

"Vous avez une personne en face de vous qui fait le nécessaire pour que tout se passe bien et à côté de ça, il préparait l'assassinat de mon cousin. Parce que préméditer comme ça un meurtre, c'est grave", ajoute-t-elle.

"La marche est ouverte à tout le monde"

Malgré le souhait de déménager d'Hichem, Christophe B. aurait continué de le tourmenter. "Il nous avait dit que toute la journée il recevait des insultes, qu'il avait tagué son scooter. Quand il cuisinait dans le palier, il criait 'allez la nourriture d'Arabe ça pue'. Il se sentait étouffé pas bien c'est pour ça. Pas longtemps avant, il avait envoyé un message pour dire qu'il avait peut-être trouvé un appartement", précise Mouna.

Pour rendre hommage à Hichem, des marches blanches en sa mémoire sont prévues, ce dimanche 8 juin, à Marseille et à Puget-sur-Argens.

"La marche est ouverte à tout le monde tant que c'est pour l'honneur et rendre hommage à Hichem, elle est ouverte à tout le monde. On ne veut pas de débat de politique, on est là pour Hichem pas pour passer à la télé, on est là pour Hichem pour la famille", conclut la cousine, auprès de BFM Toulon Var.

Le suspect a été mis en examen, ce jeudi 5 juin, pour "'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion" et "tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion", a appris BFMTV. Il a été placé en détention provisoire.

Laury Holste et Sylvain Allemand