Tampons dans les toilettes pour hommes, pétitions... Face à Trump, des employés de la Silicon Valley organisent leur discrète rébellion

De petits actes de résistance. Comme le rapporte le New York Times, les tampons et les serviettes hygiéniques sont discrètement réapparus dans les toilettes pour homme de Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp).
Depuis l'élection de Donald Trump, Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, a multiplié les changements pour aligner sa société avec la nouvelle administration américaine. Au programme, la fin du dispositif de fact-checking de l'entreprise, la fin des politiques de diversité au sein de l'entreprise ou encore la suppression des distributeurs de tampons périodiques dans les toilettes des hommes à l'attention des personnes transgenres.
En parallèle, le patron du groupe californien, présent lors de la cérémonie d'ouverture de Donald Trump, a nommé plusieurs alliés du président à des postes clés. Meta a également fait don d'un million de dollars au fond qui a financé l'investiture du Républicain - comme d'autres entreprises de la tech.
"Le chaos total"
Autant de mesures qui ne passent pas auprès des employés de Meta. Pour preuve, un employé expliquait au début du mois à 404media que c'était "le chaos total en interne".
En signe de protestation, ces derniers s'organisent pour contourner ces nouvelles restrictions. Certains font circuler des pétitions pour sauver les produits hygiéniques. D'autres ont mis à disposition leurs propres tampons dans les toilettes. La plupart d'entre eux ont créé des groupes sur d'autres applications sécurisées, comme Signal, pour discuter d'éventuels moyens de ripostes.
Et les employés de Meta ne sont pas les seuls à se rebeller contre les changements de politiques des entreprises de la Silicon Valley, qui resserrent de plus en plus leurs liens avec l'administration Trump. Par exemple, chez Google, un employé a été obligé d'approuver une animation de feux d'artifice pour marquer l'investiture de Donald Trump. L'employé a clairement indiqué dans des lignes de code qu'il l'avait fait à contrecœur parce que le PDG de l'entreprise, Sundar Pichai l'avait exigé.
Le jour de l'inauguration, des employés de Google se sont également rendus sur Memegen, un tableau d'affichage interne où les employés partagent des images et des mèmes, pour afficher des messages critiquant la présence de Sundar Pichai à la cérémonie.
Des messages rapidement supprimés par des modérateurs de Google. L'entreprise "n'autorise pas les débats politiques sur [ses] plateformes internes afin de permettre au personnel international de se concentrer sur son travail", rappelle un porte-parole de la société.
De leur côté, les salariés d'Apple ou Amazon ont pour la plupart gardé le silence.
Des protestations de plus en plus discrètes
Des marques de rébellion beaucoup plus discrètes qu'en 2017, lors du premier mandat de Donald Trump. Après la décision du républicain d'interdire temporairement l'entrée sur le territoire aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane, les travailleurs de la Silicon Valley avaient organisé des manifestations, fait circuler des pétitions et poussé leurs dirigeants à dénoncer le président.
Mais au cours de ces dernières années, l'équilibre des forces entre patrons et employés s'est inversé. La bataille pour les talents de la tech est devenue moins féroce. Résultat, les géants de la tech licencient à tour de bras. Et les salariés, auparavant en position de force, commencent à craindre pour leurs emplois. Depuis 2022, Meta a supprimé près d'un tiers de ses effectifs. Le groupe prévoit également de licencier ses employés "les moins performants"... Une stratégie adoptée par Elon Musk, après son rachat de X, ex-Twitter. De son côté, Amazon a licencié 27.000 employés d'entreprise en 2022 et 2023, chiffre le New York Times.
Meta et Google ont également étouffé la rébellion des travailleurs en supprimant les messages des tableaux d'affichage internes qui traitent de questions politiques ou sociales controversées. Dernier exemple en date avec la séance de questions-réponses entre Mark Zuckerberg et ses employés ce 30 janvier. Pour la première fois, les questions les plus appréciées par les employés n'ont pas été affichées lors de la réunion. Les commentaires de la retransmission en direct ont également été désactivés.