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Seine-Maritime: deux "maxi-fissures" repérées à la centrale nucléaire de Penly

Une première fissure très importante avait été repérée sur le réacteur 1 de la centrale, avant qu'une seconde, plus petite mais tout aussi inquiétante, soit découverte sur le deuxième réacteur.

Trois jours après la découverte d'une première fissure profonde sur une tuyauterie du système de refroidissement du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Penly, une seconde a été repérée, cette fois-ci sur le réacteur 2.

Ce sont les agents de maintenance d'EDF qui ont repéré les crevasses. Elles se distinguent notamment par leurs tailles: la première est profonde de 23 millimètres, sur une tuyauterie qui mesure elle-même 27 millimètres. Elle s'étend sur 155 millimètres, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie.

Sur le second réacteur, la fissure mesure quant à elle 57 millimètres de long, pour une profondeur maximale de 4.

Dès la découverte de la première fissure, l'incident a contraint l'Autorité de sûreté nucléaire à classer le réacteur 1 au niveau 2 de l'échelle Ines. Cette Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques classe un événement du niveau 0 (écart) au niveau 7 (accident majeur).

C'est la corrosion qui aurait provoqué ces défauts sur le réacteur. Un phénomène bien connu à Penly, qui a déjà vu plusieurs de ces autres réacteurs être endommagés par la corrosion.

Des "maxi-fissures"

Néanmoins, la situation actuelle est plus inquiétante. Les fissures repérées auparavant ne faisaient que 6 millimètres.

Ensuite, les défauts antérieurs ont été découverts sur des zones identifiées comme sensibles, et donc particulièrement surveillées. Ici, les "maxi-fissures" se sont développées hors des zones sensibles et sont ainsi restées hors des radars.

Pourtant, la soudure sur laquelle a été repérée la première fissure a fait l'objet d'une double réparation lors de la construction du réacteur, il y a 40 ans.

Le risque, à terme, serait une fuite sur le circuit de refroidissement du réacteur. S'il n'y a aucun risque de rejet à l'extérieur de la centrale, l'eau qui s'échapperait est tout de même contaminée et faiblement radioactive.

EDF sommé de réviser sa stratégie de contrôle

L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a réagi au repérage de ces deux nouvelles fissures. Pour la directrice générale adjointe Karine Herviou cette découverte est "au-delà de ce qui est acceptable d'un point de vue de la sûreté".

Ce mercredi, avant la découverte de la deuxième fissure, le président de l'ASN a porté le sujet devant les sénateurs. "Ce ne sont pas des micro-fissures", avait insisté Bernard Doroszczuk.

L'ASN demande de son côté à EDF d'améliorer sa stratégie et ses méthodes de contrôle.

"On est sur un point singulier, on n'est pas sur une explication générique", estime le président de l'ASN. "Cela ne veut pas dire que ce défaut ne peut pas apparaître ailleurs, donc on a demandé à EDF d'identifier rapidement les cas semblables pouvant exister sur les autres réacteurs pour pouvoir aller contrôler ces soudures."

Désormais, EDF va devoir revérifier l'ensemble des soudures qui ont fait l'objet de réparation par le passé.

Juliette Moreau Alvarez