Procès pour trafic de stupéfiants à Canteleu: le parquet fait appel de la relaxe de l'ex-maire Mélanie Boulanger

L'ex-maire de Canteleu, Mélanie Boulanger, arrivant au tribunal de Bobigny le 27 mai 2024. - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a annoncé ce lundi 15 juillet faire appel du jugement du tribunal correctionnel qui, le 4 juillet, avait relaxé Mélanie Boulanger, ex-maire de la petite ville de Canteleu (Seine-Maritime), poursuivie pour complicité de trafic de stupéfiants.
"Le parquet a fait appel de la relaxe de Mélanie Boulanger," a indiqué le ministère public à l'AFP, confirmant une information de France 3 Normandie.
Au nom d'une République "exemplaire" face à la pieuvre du narcotrafic dans cette "narco-ville", le parquet de Bobigny avait fin juin requis un an de prison avec sursis, ainsi que cinq années d'inéligibilité et 10.000 euros d'amende contre Mélanie Boulanger.
Sept prévenus ont fait appel
Pour la procureure, la transmission aux trafiquants de certaines informations sensibles par la maire sous pression, ainsi que quelques-unes de ses interventions auprès de la police locale, signaient un "pacte de non-agression" avec les trafiquants.
Si le tribunal a noté un "affaiblissement des garde-fous déontologiques" de l'élue socialiste de 47 ans, qui entretenait une relation avec son adjoint proche des trafiquants, il a en revanche considéré qu'il n'y avait dans le dossier aucun "acte positif" susceptible de caractériser une complicité.
Lors d'un procès chaotique étalé de fin mai à fin juin, le tribunal de Bobigny a jugé 18 prévenus en lien avec un trafic "de très haute intensité" de cocaïne, d'héroïne et de cannabis basé à Canteleu, commune pauvre de l'agglomération de Rouen.
Selon une estimation du tribunal, cette organisation criminelle a généré un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros sur les deux années visées par l'enquête, entre 2019 et 2021.
À la tête de cette "entreprise délinquante générant des rentrées de capitaux exceptionnelles", Aziz Meziani dit "Le U", le chef de clan en fuite au Maroc, a été condamné en son absence à la peine maximale de 10 ans de prison, ainsi que deux millions d'euros d'amende.
Le parquet de Bobigny a également indiqué lundi faire appel de la décision visant un prévenu condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis probatoire, et qui est aujourd'hui en semi-liberté pour les mois qui lui restent à accomplir, après ceux déjà passés en détention préventive.
Cette peine "est très inférieure aux réquisitions du parquet" qui étaient de sept ans de prison avec mandat de dépôt et 200.000 euros d'amende, souligne le ministère public.
Sept des 18 prévenus dans ce procès ont par ailleurs fait appel de leur condamnation.