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Canteleu: l'ex-maire Mélanie Boulanger relaxée des accusations de complicité de trafic de drogue

L'ex-maire de Canteleu Mélanie Boulanger arrive au tribunal de Bobigny le 27 mai 2024

L'ex-maire de Canteleu Mélanie Boulanger arrive au tribunal de Bobigny le 27 mai 2024 - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Jugée pour complicité de trafic de drogue, Mélanie Boulanger, ancienne édile de Canteleu, a été relaxée par le tribunal de Bobigny. Son adjoint a néanmoins été condamné.

L'ancienne maire de Canteleu Mélanie Boulanger, poursuivie pour complicité de trafic de stupéfiants, a été relaxée par le tribunal de Bobigny ce jeudi 4 juillet au terme de plusieurs jours de procès.

Très émue à l'annonce du jugement, l'ancienne élue a dit "merci" du bout des lèvres à ses avocats. Le parquet avait requis un an de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité à son encontre.

Si le tribunal lui a reproché d'avoir outrepassé ses fonctions à plusieurs reprises en livrant des informations confidentielles à son adjoint, Hasbi Colak, il a en revanche considéré qu'il n'y avait dans le dossier aucun "acte positif réalisé sciemment pouvant constituer une complicité".

Celui qui dirigeait ce tentaculaire trafic de stupéfiants, Aziz Meziani dit "Le U", a été condamné à 10 ans de prison et 2 millions d'euros d'amende, bien qu'il soit en fuite au Maroc.

Hasbi Colak a quant à lui écopé de 12 mois de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité pour avoir prêté sa camionnette pour un go-fast. Sa voiture avait servi à une transaction de cocaïne en Seine-Saint-Denis. Une décision de justice pour sanctionner les atteintes à la probité en tant qu'élu".

Les 17 autres prévenus ont été condamnés à des peines allant de deux ans avec sursis à huit ans de prison.

"Une présence quasi-dynastique sur Canteleu"

L'élue socialiste de 47 ans, qui a démissionné en février du mandat qu'elle détenait depuis 2014, a toujours démenti depuis sa garde à vue en octobre 2021 tout acte qui aurait favorisé les affaires du clan Meziani, propriétaire présumé du trafic de drogues de la ville normande.

Au nom d'une République "exemplaire" face à la pieuvre du narcotrafic dans cette "narco-ville", le parquet de Bobigny avait fin juin requis à son encontre un an de prison avec sursis, ainsi que cinq années d'inéligibilité et 10.000 euros d'amende.

Pour la procureure, la transmission aux trafiquants de certaines informations sensibles par la maire sous pression, ainsi que quelques-unes de ses interventions auprès de la police locale, signaient un "pacte de non-agression" avec les trafiquants.

Lors d'un procès chaotique étalé de fin mai à fin juin, le tribunal de Bobigny a jugé 18 prévenus en lien avec un trafic "de très haute intensité" de cocaïne, d'héroïne et de cannabis basé à Canteleu, commune pauvre de l'agglomération de Rouen.

Selon une estimation conservatrice du tribunal, cette organisation criminelle a généré un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros sur les deux années visées par l'enquête, entre 2019 et 2021.

"Le tribunal a constaté une présence quasi-dynastique sur Canteleu, renforcée par les liens d'amitiés et de mariages, donnant au groupe délinquant un aspect clanique particulièrement difficile à infiltrer", a déclaré son président, Jean-Baptiste Acchiardi.

Alexandra Gonzalez, avec Juliette Moreau Alvarez et AFP