BFM Normandie
Normandie

Trafic de stupéfiants à Canteleu: lors du procès, l'ex-adjoint dénonce une "pression au quotidien"

placeholder video
L'adjoint mis en cause s'est dit étranger à tout trafic mais a reconnu avoir fait des choses qu'il "n'aurait pas dû faire" pour les narcotrafiquants mis en cause.

Jugé à Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour complicité dans le procès du narcotrafic à Canteleu (Seine-Maritime), un adjoint à la mairie s'est décrit mardi 19 juin comme étranger à tout trafic, tout en reconnaissant avoir été submergé par la mainmise des dealers dans la commune, rapporte l'AFP.

Les enquêteurs l'ont vite placé sur écoute après avoir établi que sa voiture avait servi à une transaction de cocaïne en région parisienne, point de départ de cette vaste enquête qui illustre l'enracinement et la puissance grandissants des narcotrafics dans de petites et moyennes villes en France.

"Personne ne me protège"

Conseiller municipal à partir de 2008, Hasbi Colak a raconté mardi à la barre avoir appris la politique sur le tas, avoir fait son "travail d'élu de terrain". Mais progressivement, "mon restaurant ça devient une mairie, les gens viennent me voir pour des renseignements, des remarques".

Le kebab qu'il gère se trouve entre les deux principales cités de la ville et est très fréquenté par des membres du "clan" Meziani, décrit durant l'enquête comme détenant le trafic de stupéfiants et dont deux frères ont également été renvoyés devant le tribunal.

"Que voulez-vous que je fasse?", ne cesse-t-il de répéter. "Je suis là tous les jours, j'ai personne derrière moi, personne qui me protège, on subit ça tous les jours... La pression, tu l'as au quotidien, tu l'as tous les jours, c'est comme ça, c'est Canteleu", débite-t-il, assurant s'être tenu à l'écart de toute illégalité.

Le tribunal évoque un "engrenage"

Sa voiture? Il la prête régulièrement à tout le monde, se défausse-t-il. Une aide sur l'obtention de logements HLM pour des proches de prévenus ? "Peut-être qu'il y a des choses pour les Meziani que j'aurais pas dû faire", regrette-t-il.

"J'ai l'impression que vous êtes dans un engrenage, le fait que vous veniez de ces cités, que vous connaissez tout le monde... Mais cet engrenage-là c'est vous qui l'avez choisi à partir du moment où vous donnez des informations sur les passages de la police, la pose de caméras", critique la procureure.

Surtout, c'est la mise en relation entre la maire et les dealers qui a interpellé le tribunal. Un jour, une intervention de police dans un bar où ils ont leurs quartiers se passe mal. En présence d'Hasbi Colak et via son téléphone, ils vont discuter directement avec la maire et la menacer.

"Si ça continue comme ça, la mairie on la brûle", "même le kebab de Hasbi on le brûle", "si vous voulez que ça dégénère, ça va dégénérer", "ce que je vous demande c'est de leur parler (aux policiers, ndlr)", lancent des hommes avec véhémence à la maire.

À la suite de cette conversation, elle enverra un message au commissaire de police. La maire à l'époque des faits, Mélanie Boulanger, sera interrogée par le tribunal mercredi.

L.R. avec AFP