"On n'est pas à l'abri": l'inquiétude des patients du dentiste de Cherbourg suspendu par l'ARS

"Moi, j'ai peur." Laurène est l'une des 1.145 patients d'un chirurgien-dentiste de Cherbourg-en-Cotentin qui a été suspendu par l'ARS pour cinq mois, une annonce faite par l'ARS de la région ce mercredi 13 décembre.
Ayant fréquenté le cabinet du praticien depuis janvier 2023 -date de son ouverture rue de l'Ancien-Quai-, Laurène a été invitée à se faire tester pour les virus de l’hépatite B (VHB), de l’hépatite C (VHC) et du VIH.
"On n'est pas à l'abri. J'ai une expérience qui fait qu'on ne peut pas se dire que tout arrive aux autres et pas à soi. Moi je me sens concernée et il n’y a que les résultats qui peuvent me rassurer aujourd'hui", témoigne-t-elle auprès de BFM Normandie.
"Un détartrage 'musclé'"
Sandra est dans la même situation que Laurène. "J'ai consulté ce dentiste le 24 mai 2023, pour savoir si je pouvais entrer dans sa patientèle", raconte-t-elle à BFM Normandie. Cherbourg-en-Cotentin est en manque de dentistes et il peut parfois s'avérer difficile de trouver un médecin en urgence.
"Je ne souhaitais pas faire de soins ce jour-là, car je venais de recevoir une forte dose d'immunosuppresseur pour une maladie chronique, augmentant alors les risques d'infection, ce que je lui ai expliqué", poursuit Sandra.
La Manchoise précise que le chirurgien-dentiste parlait mal français, et aurait pu ne pas comprendre ce qu'elle disait. "Il a néanmoins insisté pour faire un détartrage, 'musclé', qui a provoqué saignements des gencives et douleurs pendant deux jours."
Aujourd'hui, Sandra est inquiète: "on a un risque au niveau de notre santé même s'il est clairement indiqué qu'il est faible, il existe. 1.145 patients concernés se retrouvent sans professionnel de santé."
Un risque faible de transmission
Le chirurgien-dentiste a été suspendu pendant maximum cinq mois par l'Agence régionale de santé. Cette dernière a constaté "de nombreux manquements graves mettant en péril la sécurité du personnel et la qualité et la sécurité des soins" lors d'une inspection, a-t-elle indiqué dans un communiqué mercredi 13 décembre.
Une évaluation du risque infectieux a eu lieu et l'ARS a pris cette décision "en raison d’un risque faible de transmission des virus de l’hépatite B (VHB), de l’hépatite C (VHC) et du VIH".
Selon les informations de La Presse de la Manche, confirmées par BFM Normandie qui a pu consulter un courrier envoyé aux patients du dentiste, c'est du matériel spécifique utilisé lors des soins qui a fait l'objet d'un défaut de stérilisation.
Les anciens patients sont ainsi invités à consulter leur médecin traitant afin qu'il leur prescrive les tests de dépistage adaptés.