"L'ADN de notre ville": un an après son vol, la relique du "Précieux Sang" est de retour à Fécamp

Elle était très attendue. La relique du "Précieux Sang" du Christ, volée en juin 2022 et retrouvée quelques semaines plus tard aux Pays-Bas dans des conditions rocambolesques, a été restituée mercredi à l'abbaye de Fécamp (Seine-Maritime), où elle était conservée depuis le 12e siècle.
Un événement inattendu pour l'évêque qui ne pensait pas revoir un jour cette relique, tout comme d'autres objets saints volés par la même occasion.
"J'avoue que j'étais un peu dubitatif. J'ai connu suffisamment de vols d'objets sacrés dans les églises du Nord de la France. Ça a été une heureuse surprise quand assez rapidement, quelques semaines après (le vol), on l'a retrouvé aux Pays-Bas, (...) intact, il n'a pas été détérioré", confie Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre au micro de BFM Normandie.
L'objet sacré, d'environ 30 centimètres de haut, renferme deux fioles métalliques contenant des gouttes de sang de Jésus recueillies lors de la crucifixion, selon les croyants.
Un vol médiatisé
Source de culte pour les pèlerins catholiques depuis près d'un millénaire, il avait été volé à Fécamp dans la nuit du 1er au 2 juin 2022, deux semaines avant la célébration annuelle de la "Messe du Précieux Sang". Il avait ensuite été retrouvé un mois plus tard aux Pays-Bas par un détective d'art, Arthur Brand, surnommé "l'Indiana Jones du monde de l'art".
Pour Hubert Percie du Sert, colonel de l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels, l'objet a été rapidement retrouvé grâce au signalement et à la médiatisation du vol.
"Quand on met de la transparence, quand on diffuse les photos, quand on dit tel objet est volé, pillé ou contrefait, sur l'ensemble du marché de l'art tout le monde le sait et l'objet devient invendable, donc c'est pas vraiment de la chance (de l'avoir retrouvé) c'est l'aboutissement d'une stratégie de très long terme."
Aucune interpellation
Mais, malgré les investigations menées par l'OCBC et la direction territoriale de la police judiciaire de Rouen, personne n'a été mis en cause pour le vol des objets.
"Le travail de police technique et scientifique qui a été effectué n'a rien donné à ce stade mais des éléments ont été collectés. Cela pourrait permettre d'avancer de nouveau dans les semaines, les mois ou les années à venir", a souligné pour sa part le directeur de la police judiciaire (PJ) de Rouen, Fabien Lang, à l'AFP.
"C'est l'ADN de notre ville"
Après la découverte des objets, les habitants de Fécamp ont dû encore s'armer de patience. Il a fallu attendre l'identification des objets et la fin de la procédure administrative avec les Pays-Bas pour qu'ils soient de retour à Fécamp.
"Ces objets, c'est l'ADN de notre ville, les racines de notre ville, et bien au-delà de notre ville, de toute la Normandie car le pèlerinage de Fécamp était le deuxième en France après celui de Saint-Michel", explique Pierre Aubry, maire adjoint à la culture et à la sécurité à Fécamp.
"Je suis en train de vivre quelque chose de peu permis dans une vie d'élu. Ces reliques, c'est notre histoire, une histoire médiévale", a aussi commenté devant la presse le maire de Fécamp David Roussel.
Pour célébrer le retour des objets dans la ville, une cérémonie religieuse s'est tenue mercredi soir dans l'abbaye de la Sainte-Trinité. Il sera désormais gardé dans un lieu tenu secret.