Évasion de Mohamed Amra: l'un des membres présumés du commando placé en détention provisoire

Fernando D., suspecté d'être l'un des principaux membres du commando qui a permis l'évasion du narcotrafiquant Mohamed Amra, a été placé en détention provisoire lundi, ont indiqué ses avocats. Leur client, surnommé "Abe", transféré d'Espagne et mis en examen à Paris jeudi, avait demandé un débat différé devant le juge des libertés et de la détention (JLD).
Lundi, le suspect, aux longues dreadlocks attachées en une queue basse et à la barbiche brune, est arrivé escorté d'agents du GIGN devant la JLD. C'est avec une voix à peine audible que l'homme, la carrure athlétique sous un pull bleu ciel et la joue gauche portant les stigmates d'une plaie, a décliné son identité, sa date et son lieu de naissance, les poignets toujours menottés. La juge a ensuite ordonné le huis clos.
Fernando D., 32 ans, avait été interpellé fin février dans une luxueuse villa dotée d'un important dispositif de sécurité à Mijas, dans la province de Malaga (sud de l'Espagne).
Deux armes à feu, un véhicule de luxe volé
Selon la police espagnole, lors de la perquisition, les enquêteurs avaient notamment retrouvé deux armes à feu chargées, des plaques d'immatriculation françaises "doublées", un véhicule de luxe volé en France...
Remis à la France, il est soupçonné d'avoir fait partie du commando qui a attaqué, à la voiture-bélier et aux fusils d'assaut, un fourgon pénitentiaire où était détenu le narcotrafiquant Mohamed Amra lors d'une extraction au péage d'Incarville (Eure), tuant deux agents pénitentiaires et en blessant trois autres.
Les enquêteurs n'ont, à ce stade, "aucun ADN, aucune empreinte papillaire, aucun bornage téléphonique qui lui appartiendrait, aucune reconnaissance par un quelconque témoin qui permettrait de démontrer qu'il était présent", a affirmé l'un de ses avocats, Me Saïd Harir. Les enquêteurs se fondent, "de ce qu'on a compris" sur le "visionnage d'une vidéosurveillance", où ils assurent avoir détecté une "démarche" et une "corpulence", relève Me Harir.
"C'est compliqué pour lui"
Mais "on a bien vu" devant le JLD "qu'il n'a aucune démarche particulière, ni gabarit particulier qui permettrait une reconnaissance", a insisté Me Harir. Le suspect a été placé à l'isolement.
"C'est compliqué pour lui. Il ne faut surtout pas oublier qu'il s'agit de sa première incarcération", a souligné Me Harir, assurant que son client n'avait "pas pour habitude d'évoluer dans le milieu du banditisme" et comptait à son casier, "huit mentions, très anciennes, et essentiellement des délits routiers".
"L'institution judiciaire ne doit pas oublier qu'elle a avant tout affaire à un homme", a abondé Me Steeve Ruben, son avocat également. Dans ce dossier d'ampleur, où 27 autres suspects sont poursuivis, "il faudra veiller à ce que les principes de l'institution ne s'effondrent pas", a-t-il prévenu.
Des éléments de téléphonie compromettants
Selon les informations de BFMTV, les enquêteurs le soupçonnent aussi car ils ont récupéré des éléments de téléphonie, qui, selon eux, l'impliquent. Ainsi Fernando D a conversé avec des membres du commando présumé mais aussi avec Mohamed Amra avant l'évasion, notamment la nuit du 6 au 7 mai.
Le 7 mai 2024, Mohamed Amra était une première fois sorti de prison et emmené au tribunal d'Evreux pour être jugé. Pour les enquêteurs, il y avait, ce jour-là, un premier projet d'attaque du convoi pénitentiaire qui a été avorté car les gendarmes ont surpris et fait fuir les voitures du commando.
Les enquêteurs ont relevé des échanges entre Fernando D, d'autres membres du commando présumé et Mohamed Amra la nuit du 6 au 7 mai. Un groupe sur la messagerie signal est même crée. Groupe nommé "OP" qui pourrait signifier "opérationnel" ce qui selon les enquêteurs indiquent qu'il pouvait être destiné à gérer la phase active de l'attaque. Autre élément, après l'attaque, Fernando est parti en Espagne début juin.