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Eure: les producteurs de betteraves inquiets pour leurs revenus en 2025

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Après une envolée des prix du sucre, les producteurs de betteraves de l'Eure s'inquiètent de l'abaissement des cours en 2025. Une conséquence directe liée au conflit en Ukraine.

Estèphe Quillet ne sèmera ses betteraves que dans un mois et demi sur les 70 hectares de parcelles consacrés à cette culture à Gamaches-en-Vexin. Mais cet agriculteur de l'Eure, implanté face à la sucrerie Saint Louis d'Étrépagny, anticipe déjà une année 2025 moins rentable que les deux précédentes.

"On a signé un contrat avec notre industriel qui, malheureusement, ne répond pas à nos attentes et sur lequel on a des inquiétudes pour nos revenus", explique-t-il.

Alors que le prix du sucre sur le marché européen s'est envolé avec plus de 1.000 euros par tonne en 2023-2024, la guerre en Ukraine et les importations massives de sucre ukrainien qui s'en sont suivies ont largement déréglé le secteur.

"Le prix du sucre européen est redescendu à moins de 500 euros par tonne", pointe Estèphe Quillet.

"Un équilibre à trouver"

Autre problème pour ces agriculteurs eurois: la distorsion de la concurrence. "On a des soucis de rendement parce que nos outils pour lutter contre les mauvaises herbes et les ravageurs nous sont enlevés, alors qu'ils restent autorisés dans des pays voisins", souligne Gilles Lievens, président de la chambre d'agriculture départementale.

En novembre, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard avait pourtant estimé que les pesticides autorisés ailleurs en Europe devraient l'être "également en France", afin d'assurer la "pérennité" de filières agricoles françaises.

En visite à la sucrerie d'Étrépagny, le préfet de l'Eure, Charles Giusti, s'est ainsi voulu rassurant face à la situation des agriculteurs ce mercredi 5 février.

"C'est un équilibre à trouver entre le soutien accordé à l'Ukraine et cette souveraineté alimentaire à préserver avec une capacité de production en France et en Europe", a-t-il jugé. Selon lui, il faut d'abord travailler sur "la projection à 10-20 ans de cette filière de l'agriculture" pour y parvenir.

Sollicités pendant cette visite, les dirigeants du site industriel agro-alimentaire de Saint Louis n'ont en revanche pas souhaité répondre à BFM Normandie sur le sujet.

Au total, 29.000 hectares sont consacrés à la culture de la betterave sucrière dans la région.

Mathilde Calloc'h avec Gabriel Joly