Eure: de la prison avec sursis requise contre les militants qui se sont introduits sur le site Lafarge

Des membres du groupe Les Soulèvements de la Terre manifestent sur un site de l'usine Lafarge à Paris, le 10 décembre 2023 - Dimitar DILKOFF / AFP
Des peines de six mois de prison avec sursis ont été requises vendredi contre neuf militants écologistes, jugés à Evreux pour avoir commis des dégradations et séquestré un gardien sur un site industriel de Lafarge (groupe Holcim) de l'Eure en 2023.
"Nous n'avons pas affaire à des délinquants mais à des personnes engagées, avec un engagement qui a franchi les limites de la loi", a estimé dans son réquisitoire le procureur Rémi Coutin, qui a récusé le terme "d'éco-terroriste" pour ce genre d'action.
Le 10 décembre 2023, une centaine de militants écologistes "cagoulés et masqués" s'étaient introduits sur le site industriel de Lafarge à Val-de-Reuil, lors d'une opération "commando" au cours de laquelle ils ont provoqué des dégradations estimées à plus de 450.000 euros par Lafarge, a rappelé le procureur.
La défense dénonce de "nombreuses irrégularités"
Selon l'accusation, ils ont séquestré un vigile dans son bureau pendant une dizaine de minutes. Jugés depuis jeudi devant le tribunal correctionnel d'Evreux pour association de malfaiteurs, dégradations et séquestration, ils encourent une peine maximum de 10 ans d'emprisonnement.
"Ce serait malhonnête de dire que la cause pour laquelle ils militent n'est pas légitime et parfaitement respectable", a poursuivi le magistrat, se disant "convaincu en tant que citoyen et procureur qu'on n'en fait pas assez en matière de lutte contre le réchauffement climatique".
Il a toutefois souligné que l'"action commando" chez Lafarge et la séquestration du vigile, "contraint de rester 10 à 12 minutes dans son bureau", justifiait une "réponse pénale". "Le combat en la matière est légitime mais pas par des actions qui vont causer d'importants dégâts aux biens", a-t-il dit.
Me Chloé Chalot, avocate de deux des neuf prévenus, a comme plusieurs de ses confrères dénoncé de "très nombreuses irrégularités de procédures".
"Vous n'avez pas de faits précis. On n'est que dans le registre de la suspicion. Sur la base de quelques éléments matériels, on écrit une histoire. Les photographies sont de piètres qualité, elles ne permettent pas d'identifier mes deux clients", a-t-elle plaidé.