Intrusion dans la cimenterie Lafarge à Val-de-Reuil: neufs militants jugés à Evreux

Au total, dix -sept personnes ont été interpellées en avril dernier en Normandie et en Seine-Saint-Denis. - FRANCK FIFE © 2019 AFP
Le procès de neuf militants écologistes poursuivis pour s'être introduits sur un site industriel de Lafarge (groupe Holcim) dans l'Eure en 2023 et y avoir séquestré un gardien s'est ouvert ce jeudi 19 décembre, devant le tribunal correctionnel d'Evreux.
Ces neuf militants font partie des dix-sept personnes interpellées en avril dernier, en Normandie et en Seine-Saint-Denis, pour s'être introduits, le 10 décembre 2023, avec un groupe d'une centaine de personnes "cagoulées et masquées", sur le site industriel de Lafarge (groupe Holcim) à Val-de-Reuil. Ils encourent jusqu'à dix ans de prison.
Selon le procureur Rémi Coutin, les neuf personnes, "vêtues de combinaisons blanches, les visages dissimulés et porteuses de gants", avaient empêché un agent de sécurité de sortir de son local, avant de se livrer à d'"importantes dégradations".
Jusqu'à 10 ans d'emprisonnement
Lafarge estime à plus de 450.000 euros le préjudice de ces dégradations: mousse expansive à l'intérieur de plusieurs appareils, béton dans une arrivée d'eau, contenant de billes de polystyrène et sacs de ciments éventrés, vitres brisées...
Des tags proclamant "Demain sera sans béton ou ne sera pas", "Lafarge terroriste", "le béton tue", ou "Drogués au béton ? Qui est votre dealer ? Macron Daesh ? JO" avaient par ailleurs été relevés, selon le parquet.
Peu avant le procès, Chloé Chalot, avocate de plusieurs prévenus, a rappelé que les neuf militants étaient poursuivis pour association de malfaiteurs en vue de commettre un délit mais également pour séquestration en vue de faciliter un délit, "ce qui leur fait encourir jusqu'à 10 ans d'emprisonnement".
Un but de stigmatiser l'action militante ?
"C'est des chefs d'inculpation, c'est des chefs de prévention qui sont particulièrement effrayants, qui sont très importants, qui ont évidemment pour but de stigmatiser l'action militante, qui ont pour but de stigmatiser la revendication", a-t-elle plaidé avant le procès.
Lors de la première matinée du procès, plusieurs avocats ont soulevé des nullités de procédure. Me Elie Montreuil a notamment dénoncé "beaucoup de vide, énormément de manques" dans ce dossier.
"Je fais mon travail de façon objective, je trouve scandaleux d'être accusé de malhonnêteté intellectuelle", a réagi le procureur, Rémi Coutin. Le procès doit se terminer vendredi.